Fiche technique :

Notre avis sur le film

WICKED

(Dés)enchantement cinématographique ou retour purement magique à la comédie musicale au cinéma ?

Réalisé par Jon M. Chu, Wicked est le mastodonte de cette fin d’année à découvrir dans les salles obscures, opérant un retour plus ou moins réussi au pays d’Oz et au genre musical qui cherche toujours désespérément à se dépoussiérer, se réinventer.

Adapté en deux parties, le long-métrage du réalisateur de Crazy Rich Asians reprend forcément la storyline de la célèbre comédie musicale de Stephen Schwartz et Winnie Holzman, celle de la Véritable Histoire de la Méchante sorcière de l’Ouest. Cette première partie, qui se déroule bien avant le culte Le Magicien dOz de Victor Fleming (1939), est l’occasion de développer le premier acte du spectacle, et donc d’introduire ses deux sorcières les plus connues de l’univers d’Oz : Elphaba, la Méchante sorcière de l’Ouest, et Glinda, la Bonne sorcière du Nord.

Interprété respectivement par Cynthia Erivo (The Outsider), dans le rôle d’Elphaba, et Ariana Grande (Victorious, Scream Queens) dans le rôle de Glinda, ce duo aussi inimaginable qu’improbable était tout trouvé. Véritable force du film, ces deux artistes accomplies donnent d’excellentes prestations dans des rôles sur mesure et complexes. Toutefois, c’est une Ariana Grande très burlesque qui fait preuve ici d’un jeu d’acteur nettement supérieur à sa partenaire, œuvrant pour offrir au publique une Glinda aux expressions et mimiques hilarantes, dotée d’un caractère aussi attachant qu’agaçant. Jonathan Bailey (La Chronique des Bridgerton) interprète quant à lui le personnage de Fiyero Tigelaar, rôle qui se retrouve rapidement limité et sans envergure. Peut-être que la deuxième partie du film, qui sortira probablement fin d’année 2025, lui donnera l’opportunité de briller un peu plus parmi ses co-stars féminines.

Si le film met du temps à démarrer, à trouver son rythme, on est très rapidement ensorcelé par la beauté des décors – authentiques pour une fois – et de l’univers si richement crée de toute pièce par Nathan Crowley, fondateur de ce cosmos aux couleurs attrayantes, doucereusement baigné par la magie de son imaginaire. Les effets visuels en numériques et images de synthèse restent approximatifs mais n’enlaidissent pas son appréciation générale. Le soin et la qualité apportés aux costumes font la superbe de cet ensemble déjà en parfaite osmose. La mise en scène est indiscutablement maîtrisée pour ce spectacle aux grands moyens qui ne se cache pas de vouloir être à la hauteur de ses attentes – et des nôtres, a posteriori.

Et qu’en est-il de la partie musicale ? Bien que cela soit plaisant, pas foncièrement mauvais, le film rame en matière de scène de chorégraphie marquante et/ou de chant spectaculaire. On regrette sincèrement que le film ne pousse pas plus loin la chansonnette ou en donne davantage à son audience. Reste l’interprétation du culte Defying Gravity par Cynthia Erivo, véritable prouesse musicale qui conclue en apothéose cette première partie. Si le tout reste assez tiède, sans être catastrophique mais pas mémorable pour autant, la comédie musicale ne rend pas hommage à son univers, musicalement parlant.

Dans l’ensemble, Wicked est une franche réussite – et une excellente surprise, il faut le reconnaître – malgré quelques ratées musicaux, mal exploités pour le coup. Il tend à pointer du doigt les dérives d’une société qui, reflet de notre propre monde, dénigre le monde animal et tout ce qui est trait à la différence. Si cela est amené de façon assez grossière, sans user de subtilité, son propos résonne et prend pourtant toute son importance vers la toute dernière partie du film.  Une fin qui donne véritablement envie de voir la suite et de connaître le destin de ces deux sorcières que nous avons appris à aimer tout au long de ces 2h40. N’est-ce pas également la preuve que son scénario et sa mise en scène fonctionne très bien, trouvant le parfait équilibre entre Grand Spectacle et authenticité artistique ? Méchante, vous avez dit ? Vraiment ?

Par Rémi Vallier

|Copyright Universal Studios

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