Fiche technique :

Notre avis sur le film 

COMME UN LUNDI

« Un film humaniste qui prouve que l’union fait la force. »

A la manière d’un Bill Murray en détresse dans Un jour sans fin, Comme un lundi (re)joue sur l’idée de la boucle temporelle qui n’en finis pas, situant son action au sein d’une petite agence de publicité japonaise où ses employés revivent inlassablement la même semaine. Si le film ne brille pas par son originalité, ce huit-clos jouissif et barré au coeur d’un coworking spaces nippon sauce The Office émeut et nous touche par sa profondeur insoupçonnée.

Pour son premier long-métrage, Ryo Takebayashi signe ici une fable humaniste sur l’importance des liens sociaux, de la solidarité et de la beauté du geste : celui qui se fait avec le coeur, sans rien attendre en retour, sauf la satisfaction d’avoir contribué au bonheur de quelqu’un d’autre que soi. Si cela peut paraître excessivement naïf à notre époque, il n’en reste pas moins la conviction que tout être humain est capable de se remettre en cause et de faire le bien autour de lui.

Curieusement, dès le départ, on a la certitude que le film est là pour dénoncer le monde impitoyable des entreprises japonaises, où l’éreintement et l’épuisement psychologique et physique deviennent un trait de caractère commun à ces personnages en plein burn-out professionnel (et émotionnelle). Entre l’ambition dévorante et méprisante de réussir professionnellement, Yoshikawa, qui est le fil conducteur principal de cette boucle infernale, doit malgré elle s’allier à ses collègues de bureau, dont elle ne connaît rien d’autre que le nom, afin de trouver le moyen de briser cette malédiction. Au coeur de ce théâtre désordonné, où l’espace restreint et le manque d’intimité invite à la proximité, un groupe d’individus qui n’avait rien en commun fait pourtant équipe contre le destin, envers et contre tous. En réalité, le long métrage célèbre la force communautaire dans un monde qui perd un peu plus son humanité au profit de l’individualisme.

Avec sa réalisation dynamique, on a l’impression que la caméra suit le même état d’esprit que ses personnages qui n’ont plus aucune notion du temps et de l’espace, enfermés dans une bulle qu’on peut difficilement éclater. Entre des gros plans entrecouper et un pigeon voyageur qui rappelle sans cesse l’aspect comique de la situation, c’est pourtant vers sa seconde partie qu’il commence à trouver son équilibre, de la même façon que ses héros de l’ombre, invisible derrière leurs bureaux, qui se révèlent à eux-mêmes et aux autres pour oeuvrer dans la même direction.

Avec philosophie mais pleine de vérité sur nos agissements parfois égoïste de vouloir réussir, Ryo Takebayashi offre une belle leçon sur la vie – ses petits instants de rien du tout mais qu’on ne remarque plus – et sur le cinéma. Il nous rappelle que la comédie n’est pas forcément une suite de gags qui s’enchaînent, ni de l’acting outrancièrement comique. Faire de la comédie, c’est aussi braver son concept initial. Finalement, c’est derrière les rires et les larmes que nous partageons que l’on comprend mieux le sens du mot « collectif ». Comme un lundi ou plutôt… Comme l’union fait la force.

Par Rémi Vallier

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