THE CREATOR (2023) – Critique

THE CREATOR (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film THE CREATOR

The Creator est le nouveau film du réalisateur Gareth Edwards à qui l’on doit Monsters, le renouveau de la franchise Godzilla et l’excellent Star Wars Rogue One. Les fans de ce réalisateur attendaient avec impatience sa nouvelle création qu’il réalise et scénarise lui-même.

Le pitch

Dans le futur, les humains et les intelligences artificielles (IA) cohabitent parfaitement sur terre. Ces dernières permettant de faire certains travaux particulièrement difficiles pour l’homme. Pourtant, sans raison apparente, les IA ont lancé une bombe nucléaire sur Los Angeles.

A la suite de cela, les Etats-Unis ont déclaré la guerre contre les IA sur l’ensemble du globe alors que les autres pays continuent à vivre pacifiquement avec elles.

Joshua, un soldat américain, va être envoyé en mission pour détruire l’arme ultime des IA et mettre fin à la guerre, pourtant ce qu’il va découvrir va complétement ébranler ses certitudes.

Une réalisation de très haut niveau :

Pour un film coûtant moins de 80 millions de dollars, Gareth Edwards réalise un film magnifique avec une vision fantasmée d’un futur usé. Que cela soit dans l’échelle des grandeurs (où le réalisateur excelle), la mise en scène allant du grandiose à l’intimiste ou dans la direction artistique des IA, le réalisateur fait un sans faute et donne une leçon à tous les autres blockbusters sortis cette année. Il démontre qu’avec un peu plus d’un tiers du budget des films de super héros Marvel ou DC, il fait cent fois mieux. Nous avons ici un vrai film de genre avec une réelle identité, et cela fait un bien fou.

Un scénario au service d’un monde et d’un conte à la limite de la mythologie :

Si on peut un peu pester sur certaines facilitées à la fin du film, on ne peut qu’admirer l’épopée que vivent le Joshua et ceux qui croiseront sa route. Au fur et à mesure film, son parcours le fera réellement évoluer et nous amènera nous aussi à réfléchir sur l’avenir de notre civilisation, à ce qui fait de nous des humains et à la valeur de ce que nous appelons l’âme.

En conclusion :

Un film avec une vraie direction artistique, une épopée avec ses facilités scénaristiques mais tellement forte que l’on excuse ce petit défaut.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

JEANNE DU BARRY (2023) – Critique

JEANNE DU BARRY (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film JEANNE DU BARRY

Présenté en ouverture « hors compétition » au 76e Festival de Cannes, Jeanne Du Barry, co-écrit et réalisé par Maïwenn, avait de quoi intriguer, suscitant ce doux parfum de scandale dont les médias et leurs vantardises excessives de polémiquer, sont friands.

Pourtant, malgré toutes cette mauvaise presse – parfois injustifiée – et en dépit de toutes ces controverses extérieures qui nous obligent aujourd’hui à être lisses et bien-pensants dans nos actions et nos pensées, Jeanne Du Barry arrivait à point nommé. L’histoire, c’est celle de Jeanne Vaubernier, fille du peuple, qui veut s’élever socialement et qui finira par connaître une ascension fulgurante au sein de Versailles comme Favorite officielle du Roi. Mais plus que tout, le long-métrage se concentre sur son histoire d’amour avec Louis XV, permettant ainsi de comprendre tous les enjeux de son  évolution sociale au sein de la Cour, où les us et coutumes oppressantes de la monarchie appellent à l’hypocrisie générale. Le film parle, avec une tendresse inattendue et beaucoup d’humilité, d’une rencontre, celle inévitable. Et celui d’un coup de foudre, presque immédiat.

En s’appropriant personnellement le personnage historique de Jeanne Du Barry, la réalisatrice construit son récit comme un douloureux miroir d’une trajectoire commune, cernant au mieux les contours de cette femme moderne, courageuse et avide de s’élever, qui fut le plus grand rejet de la Cour. On peut très facilement lui reprocher un académisme assumé dans sa réalisation, sans révolutionner le genre du film d’époque. Néanmoins, il fait preuve de modernisme et de fantaisie qui s’accorde volontiers au genre donné. C’est un film d’un autre temps, aux dialogues contemporains, surfant sur le biopic, mais dont son appropriation personnelle se confond pour devenir une oeuvre à l’image de sa cinéaste : délibérément sauvage, sensuelle et fantasmagorique. Il faut se départir de tout événement politique (Dieu merci !) ou contextuel afin d’apprécier au mieux ce qui se déroule sous nos yeux : celui du destin de cette jeune-femme courtisane, partie de rien et dont la trajectoire va soudain l’emmener à la Royauté et à cet amour inespéré.  La manière dont est justement représenté à l’écran cet amour unissant Jeanne et Louis XV est parfaitement maîtrisée. Cela en est presque douloureux de les voir se séparer, car cet attachement profond l’un envers l’autre est palpable par sa remarquable mise en scène.

Le cinéma de Maïwenn, qui a pour habitude de nous offrir des personnages qui se rentrent dedans, se bousculent et implosent dans un langage verbal et gestuel qui lui est propre, semble ici étonnamment plus sage et aguerri. Mais cela ne tient que de l’apparence, car la violence   représentée céans est dans tout ce qui compose Versailles et la figuration de ses personnages tour à tour cruelles et méprisants. Les plans intérieurs et extérieurs du Château de Versailles – entre reconstitution réussie des faux décors et des lieux authentiques à Versailles – renforcent l’idée d’une prison dorée où la liberté d’être et d’aimer n’existe pas et que seul le jugement et la bienséance comptent.

Malgré son accent prononcé qui pourrait en déplaire à certains, ou dénaturer l’illustre  Roi de France pour d’autres, l’interprétation de Johnny Depp reste remarquable en Louis XV prouvant toute son implication en tant qu’acteur pour ce rôle de composition. C’est même d’ailleurs un des rares acteurs de sa génération qui, rien qu’en rentrant dans une pièce sans dire un mot, peut tout dire avec l’intensité de son regard. Habituer à son jeu d’acteur très expressif et/ou burlesque, l’ancien Edward aux mains d’argent fait  ici figure d’un personnage plus ancré dans la réalité entre ardeur, lassitude et mélancolie, ce qui lui réussit plutôt bien. Maïwenn est délicieuse et enfantine, un brin provocatrice, en Jeanne du Barry, fortement inspirée par l’aura et le parcours atypique de cette femme en avance sur son temps, désireuse de bousculer les codes. Mention plus qu’honorable à Benjamin Lavernhe, inoubliable dans son rôle de vallée intime du Roi, accompagnateur et complice dans l’ombre de Jeanne.

Exit les mauvaises langues ou les nombreuses polémiques qui l’entourent : Jeanne Du Barry est un très beau film d’époque, qui n’est pas parfait, certes, mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus en proposant à la fois quelque chose de résolument moderne et classique, sans nous faire ronfler sur notre siège.

En mettant en lumière ce personnage historique et avant-gardiste, avide de grandir intellectuellement, Maïwenn nous offre sa propre vision de Versailles : celle à la fois romantique et fantasmée d’où une histoire d’amour clandestine est née, et de l’autre une vision  plus atterrée : reflet d’une société conformiste, aux règles établies, étrangère à la nouveauté qui ne cesse de vouloir rejeter ceux qui sont différents d’eux. Jeanne Du Barry, présentée de manière très personnelle et personnifier comme l’a fait Maïwenn, était finalement un peu cette femme révolutionnaire dans l’âme et le corps, qui n’avait peur de rien mais qui avait tout à perdre par simple désir d’aimer et d’être accepté dans une société qui ne voulait pas d’elle.

Par Rémi Vallier.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

SHE SAID (2022) – Critique

SHE SAID (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film SHE SAID

C’était en octobre 2017 que le New York Times révélait publiquement l’affaire Harvey Weinstein, personnalité influente de l’industrie du cinéma américain, accusé de harcèlements sexuel, d’agressions sexuelles et de viols. Cet article, écrit par deux journalistes du New York Times, Jodi Kantor et Megan Twohey, sera le point de départ d’un effet dévastateur, libérateur et nécessaire sur la question des violences physiques et morales faites aux femmes dans le cinéma et dans la société en règle générale.

Réalisé par Maria Schrader, She Said est un long-métrage académique au rythme soutenu qui se concentre  principalement sur l’investigation compliquée, parfois inextricable et rude de cette affaire, plus que sur les réels enjeux de l’article qui dénonce une  violence omniprésente dans l’industrie du rêve. Mais c’est ce qui fait en partie la force du film qui relate avec beaucoup d’intérêt et une certaine froideur toute la monstruosité des faits qui nous sont présentés, comme des preuves toujours plus accablantes d’une vérité que l’on ne connaît que trop bien. Si la réalisation reste clinique, judicieusement cadrée et millimétrée, c’est pour rester en contraste avec son propos et l’intérêt journalistique de cette affaire. Le scénario, extrêmement bien écrit et mené, quoiqu’un peu loquace et verbeux par moment, nous emmène au coeur de cette investigation passionnante mais néanmoins effroyable. Car la vérité, comme elle nous est présentée,  n’est jamais belle à voir.

Pourtant, alors que le film met en lumière cette histoire ainsi que le combat mené par ces deux femmes journalistes en quête de vérité et d’un besoin évident de faire bouger les choses, il nous fait interroger sur une industrie censée vendre du rêve et des paillettes. Se révélant être au final l’ennemi du bien. Protégeant son monstre géant et ses intérêts, piétinant ces femmes d’un revers de contrats, de clauses de confidentialités, d’argent, de harcèlements puis juste le silence. Et la honte. C’est bien là finalement la cruelle vérité : Tout le monde savait. Mais personne n’a rien fait.

Avec cette histoire, c’est tout un système qui se révèle au grand jour, qui s’expose et implose. Que restera-t-il finalement de tout ça ? Que restera-t-il à ces femmes, victimes de cet homme, qui ont servi pendant des années à entretenir et alimenter ce système hypocrite et réducteur, toxique, principalement sous la coupe de la dominance masculine. Tant de questions qui resteront sans réponses mais qui donnent matière à réfléchir pour l’avenir de demain.

Porter par un duo d’actrice plus que convaincant, Carey Mulligan et Zoe Kazan nous emporte dans leur investigation qu’elles portent à bout de bras avec férocité et courage sans jamais abandonner malgré la pression professionnelle et personnelle que cela implique. En un sens, c’est aussi un hommage au  vrai métier de journaliste et à son absolue nécessité de libérer la parole à ceux qui n’en ont pas dans une ère où ce média pose à présent la question de sa véritable authenticité. Il n’est pas question non plus de savoir si les agissements des uns ou des autres sur cette affaire sont bien ou mal, le but étant de rechercher des preuves toujours plus tangible des faits rapportés afin de faire sortir le monstre du placard.

Bien qu’un peu formel dans sa manière de raconter les faits, She Said reste une oeuvre importante dans la catégorie de film dénonçant les violences et inégalités sociales à un  moment donné de notre histoire. Au même titre que l’inoubliable Erin Brockovich de Soderbergh ou encore le glaçant Spotlight de Tom McCarthy – malgré leurs différentes approches, leur action reste la même. Peut-être sortie un poil trop tôt, surfant sur la vague de l’instant – T, et du besoin de tout déverser dans la marre, ce long-métrage respectueux et puissant réserve des moments intenses et poignants accompagné d’une distribution impeccable. Le film nous rappelle combien il est important aujourd’hui de ne plus fermer les yeux sur ces violences – faites aux femmes comme aux hommes – que chaque combat mené peut-être une victoire si nous prenons la peine de bien nous défendre. Que nous sommes capables, même à notre petit niveau, de faire bouger les choses afin qu’un jour, enfin, vienne le changement.

Par Rémi Vallier.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

ACIDE (2023) – Critique

ACIDE (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film ACIDE

Acide est un film catastrophe Franco-belge réalisé par Just Philippot et mettant en vedette Guillaume Canet.

Ce film peut paraitre un ovni dans les productions franco-belge tant il est rare de voir des productions s’aventurer sur le sujet des films catastrophes surtout avec l’envie de donner une vraie identité filmique à ce drame.

Le résultat est il à la hauteur de ses ambitions ?

Le pitch

Michal (Guillaume Canet) est un ouvrier divorcé en liberté conditionnelle qui tente d’avoir une relation apaisée avec sa fille et avec son ex-femme tout en essayant de refaire sa vie. Malheureusement, une pluie acide particulièrement agressive va les confronter à une société qui s’effondre. Leur survie dépendra alors des choix qu’ils seront obligés de prendre en oscillant entre leur code moral et la nécessité absolue de la survie en milieu hostile.

Une réalisation ambitieuse :

Dès que la catastrophe arrive nous avons droit à des plans magnifiquement horrible de la pluie acide, un exode humain terriblement bien retranscrit et une situation de danger permanente.

L’impact de la pluie acide est intelligemment mis en scène (plus d’eau potable, usure des bâtiments…), on sent une vraie ambition avec une réalisation au service de la narration. Certes nous ne sommes pas dans un budget hollywoodien et nous n’éviterons pas les passages en forêt obligatoire pour cacher le manque de moyen mais cela reste très convenable.

Une narration parfois bancale :

Malheureusement la narration a du mal à se défaire des défauts récurrents des films franco-belges : l’ado en crise tout le film (même si la jeune interprète se débrouille plutôt très bien), les discours sociaux caricaturaux et sans finesse, les histoires de couple… Même l’introduction du film, inutilement violente, semble venir d’un autre projet et n’a que peu de sens avec la suite de l’histoire à part pour cocher la case « sociale » du film mais sans vraiment délivrer de message au final. Heureusement, le film devient vraiment impactant dès que la catastrophe arrive et fait un quasi sans faute à partir de ce moment avec des moments chocs particulièrement bien choisis. On en vient souvent à s’interroger en se demandant si on aurait fait les mêmes choix que les héros et pour cela le film est une réussite.

En conclusion :

Même s’il n’est pas exempt de défauts, Acide est un film efficace et novateur à qui il faut laisser une chance si vous êtes amateur du genre.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

EN EAUX TRÈS TROUBLES (Critique)

EN EAUX TRÈS TROUBLES (Critique)

Fiche technique :

Notre avis sur le film EN EAUX TRÈS TROUBLES

En eaux très troubles (« The meg 2 » aux E-U) est la suite de En eaux troubles (« The meg », disponible sur Netflix et Prime Vidéo). Ce deuxième opus connait actuellement un petit succès au box-office (263 millions de dollars actuellement) mais reçoit des critiques plus que mitigées de la presse.

Avons-nous avec ce film un sympathique nanard de l’été ou un film d’action qui assume pleinement son délire ? Peut être un peu des deux.

De quoi ça parle ?

Suite à la découverte, dans le premier opus, d’une fosse abritant des créatures marines préhistoriques dont de redoutables mégalodons, toute une organisation s’est développée autour de cette découverte à la fois pour étudier cette fosse et sa faune ; malheureusement les ressources enfouies dans la fosse attirent la convoitise d’une « entreprise » faisant peu cas de l’impact environnemental de ses actions et de la faune dangereuse qu’elles pourraient libérer.

Ce qui frappe avec ce scénario, certes simple, c’est la prise en compte de l’impact de la découverte de la fosse dans le premier opus. L’évolution du monde face à cette découverte est logique et fait un parallèle assez intelligent avec nos propres enjeux environnementaux (comme par exemple le risque de l’exploitation des fonds marins dénoncé par de nombreuses ONG). Nous avons donc bien un scénario de série B mais cohérent avec son univers et qui se permet même de délivrer un petit message écologique intelligent.

Un casting efficace et conscient d’être dans un film de série B :

Evidemment Jason Statham est toujours aussi efficace dans son rôle de héros tout droit sorti des années 90, punchlines comprises. Le reste du casting est évidemment classique (on se doute dès le départ de leur destin) mais alterne très bien les phases humoristiques aux phases de stress et d’action. Vraiment rien à redire de ce côté-là tout en se rappelant que nous sommes dans un film évidemment très stéréotypé et plus particulièrement sur l’écriture des personnages.

Une réalisation qui tient la route :

Il est désormais particulièrement difficile de réaliser un film sur la mer et les fonds marins après Avatar 2. Pourtant, sans atteindre évidemment le niveau du film de James Cameron, la réalisation est efficace et les passages dans les fonds marins sont vraiment prenants (on aurait même espéré que ça dure plus longtemps).

Le film réussit à démontrer le danger qui pèse sur certains personnages sans tomber dans du gore facile et affichera un grand nombre de clins d’œil au cinéma du genre. Le film assume pleinement son statut d’hommage à une certaine catégorie de blockbusters d’été.

En conclusion :

Oui En eaux très troubles n’est évidemment pas un chef d’œuvre, oui la deuxième partie du film est extrêmement classique et oui certains personnages sont clichés à outrance mais au final le film le sait, s’assume et délivre un divertissement d’été vraiment agréable tout en délivrant un message écologique plus que d’actualité. Si vous aimez les films de séries B qui s’assument et fond évoluer leur propre « mythologie » ce film est clairement pour vous.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

OPPENHEIMER (2023) – Critique

OPPENHEIMER (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film OPPENHEIMER

Christopher Nolan est un réalisateur autant adulé que critiqué.

Certains de ses films font quasiment l’unanimité (Inception, The Dark Knight ou Interstellar) alors que d’autres sont jugés trop pompeux et inutilement complexes (Tenet, Dunkerque) pourtant, il faut le reconnaitre, chaque film de ce réalisateur est un événement et nous fait questionner notre relation au cinéma voire même l’identité elle-même du cinéma. Oppenheimer pourrait être vu comme une anomalie dans le paysage cinématographique actuel : film au scénario particulièrement exigeant, se voulant être un blockbuster mais avec un budget de « seulement » 100 millions de dollars là où la norme est passée à 200 millions et le refus de l’utilisation du numérique par le réalisateur.

Et c’est bien à cause de ces choix que certains pourraient dire que Christopher Nolan se donne une posture mais soyons clair avec Oppenheimer, le réalisateur nous démontre sa parfaite maîtrise et connaissance du cinéma et nous donne ce que nous n’avons plus l’habitude de voir dans les salles obscures : un film avec une identité réelle et pas un simple divertissement insipide. Effectivement, ça nous change, nous heurte mais nous fait vraiment du bien.

Un film historique intimiste et pourtant grandiose

Ce film est un biopic sur celui que l’on surnomme « le père de la bombe atomique » et nous relate, notamment, la course entre les américains et le régime nazi dans l’élaboration de cette bombe pendant la seconde guerre mondiale. La facilité aurait été d’axer uniquement le film sur l’histoire de la bombe atomique, pourtant il a été ici fait le choix de décortiquer méticuleusement la vie complète de Oppenheimer. On voit son parcours universitaire, ses accointances avec le mouvement communiste américain, ses amours, évidemment son rôle crucial dans la création de la première bombe atomique mais aussi l’impact de ses choix politiques sur la suite de sa carrière. Le scénario, signé ici aussi par Christopher Nolan lui-même, prouve son intelligence en nous montrant la complexité du personnage, ses revirements, sa part d’ombre, ses doutes et nous explique parfaitement la complexité d’un cerveau hors-norme. Nous passons de scènes de dialogues simples à des plans à couper le souffle pour revenir à de la simplicité. Le tour de force est de donner une puissance équivalente à la scène de la bombe A ou à des huis clos.

Une direction d’acteur magistrale :

Que cela soit Cillian Murphy, exceptionnel en Oppenheimer, Emily Blunt, incroyable en épouse complexe et torturée, Josh hartnett, méconnaissable et incroyable convaincant ou Matt Damon, toujours juste dans son interprétation, tous les acteurs principaux sont parfaits et exposent parfaitement les enjeux dramatiques de ce biopic.

Il faut aussi mentionner la prestation parfaite de Robert Downey Jr. Cela faisait des années, depuis Good Night and Good Luck, que nous ne l’avions pas vu à un tel niveau. Il démontre à nouveau qu’il est un des plus grands acteurs de sa génération. Les rôles tertiaires ne sont pas en reste avec les apparitions très remarquées de Kenneth Branagh, Rami Malek ou Florence Pugh.

On se pose donc une question, pourquoi certains de ces acteurs n’ont plus brillé depuis un certain temps ? La réponse est simple, il leur fallait un réalisateur maîtrisant parfaitement la direction d’acteur pour les faire se transcender. Ici c’est le cas et on ne peut que se réjouir de les retrouver au meilleur de leur forme.

Le son et la bande son :

Comme pour tous les films de Christopher Nolan, le traitement du son est parfait et il est vivement conseillé de voir le film en IMAX ou ATMOS. Quant à la bande son signée Ludwig Göransson, elle est parfaite.

En conclusion :

Le sujet était complexe à traiter, et pourtant Christopher Nolan s’en sort à merveille, servi par des acteurs incroyables. Le réalisateur nous donne toutes les clefs de compréhension de l’histoire, des choix faits par les protagonistes et nous laisse nous faire notre propre opinion. Là où Hollywood tente souvent de nous imposer son point de vue, Christopher Nolan préfère nous faire confiance et nous laisser nous faire notre propre opinion. Là où Hollywood fait le pari habituel de notre docilité et de notre passivité, le réalisateur fait le pari de notre envie de nous forger notre propre opinion, il faut le saluer pour ça. La scène finale est d’ailleurs d’une puissance incroyable et pose un questionnement particulièrement d’actualité sur notre monde.

Alors oui le film est long, trois heures, oui le film est exigeant mais il clair que Oppenheimer est un divertissement sans concession, puissant et nous rappelant que le cinéma est un art avant d’être une industrie, merci à Christopher Nolan de nous le rappeler avec ce film.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :