CHIEN BLANC (2024) – Critique

CHIEN BLANC (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film CHIEN BLANC

Chien Blanc est un film réalisé et co-écrit par Anaïs BARBEAU-LAVALETTE d’après le roman de Romain Gary du même titre.

Le pitch : « 1968 – Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles, recueillent un chien égaré́, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc. L’écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers. »

Chien Blanc est un très beau film qui traite avec beaucoup de tact de la question du racisme. Evidemment, les scènes qui se déroulent dans le film ont un écho particulier avec l’actualité des Etats-Unis et le film n’en est que plus fort.

L’intelligence de cette œuvre est aussi de montrer toute l’ampleur de cette problématique par le biais de la question animale avec le fameux « chien blanc » et son conditionnement par les hommes. Que peut on faire d’un chien qui attaquera systématiquement des personnes noires ? Si on n’arrive pas à « déconditionner un animal » comment pourrait on faire évoluer les choses ?

Certains pourraient être étonnés qu’on traite la question du racisme par le biais de la réflexion sur la place d’un animal dans la société mais la réponse est magnifiquement donnée en fin de film et la phrase : « Une vie c’est une vie ! En quoi sa vie est-elle moins importante que la tienne ? » nous interrogera directement sur notre façon de penser la hiérarchisation de la valeur de la vie que notre société nous enseigne.

De plus, et c’est assez rare de nos jours, le film ne tombe pas dans le cliché facile et les discours bien-pensants mais donne les clefs de compréhension au spectateur pour le faire grandir, et par ce point il contribue justement grandement à la lutte anti-raciste.

Il est aussi important de noter que les performances de Denis Menochet, Kacey Rohl et KC Colins sont de très bon niveau.

Sur la réalisation, certains plans du film sont vraiment magnifiques avec une musique onirique qui permettra au spectateur de souffler et de s’évader quelques minutes avant de retourner dans le propos fort mais dur du film.

Un film à ne pas manquer autant pour ses qualités visuelles que pour son propos très intelligemment dispensé.

Par Grégory Caumes

Copyright Vivien Gaumand

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

PAS DE VAGUES (2024) – Critique

PAS DE VAGUES (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film PAS DE VAGUES

Pas de vagues  est un film réalisé par Teddy Lussi-Modeste avec François Civil et est inspiré d’une histoire vraie, inspirée de la vie du réalisateur.

La première chose qui frappe dans ce film, ce sont les réactions et commentaires sous sa bande annonce l’accusant de tous les maux. Nous martèlerons toujours la même chose à la rédaction de « La minute ciné », ne critiquez pas une œuvre que vous n’avez pas vue car dans le cas de « Pas de Vagues » vous passeriez à côté d’un film puissant, particulièrement bien écrit et dont le propos est particulièrement nécessaire à notre temps. Nous n’allons pas vous mentir, avant d’écrire ces lignes, il nous a fallu peser chaque mot car le sujet est explosif mais la réaction fut facile au regard du courage de l’équipe du film d’avoir produit une telle œuvre.

Le film raconte l’histoire d’un jeune professeur idéaliste qui va être injustement accusé d’harcèlement sur une de ses élèves et qui va voir son monde s’écrouler autour de lui.

Oui le réalisateur et les scénaristes ont choisi plusieurs thèmes très durs à traiter : la remise en cause de la présomption d’innocence – l’auteur de ces lignes étant juriste, il est particulièrement attaché à cette norme socle de notre société -, le harcèlement que peuvent vivre les professeurs des écoles, la bureaucratie qui a abandonné le soutien des enseignants, l’homosexualité dans les quartiers dit sensibles mais aussi, et c’est le point peut être le plus important, quel est le but d’enseigner, de transmettre et au final le rôle de l’éducation nationale dans notre société.

Alors oui ça fait beaucoup pour un film et pourtant l’écriture est tellement bonne et juste que tout cela est traité avec brio.

Le sujet de la présomption d’innocence est évidemment le plus polémique. Le mouvement #metoo était nécessaire et encore une fois la parole des victimes doit être facilitée mais elle ne peut en aucun cas détruire la présomption d’innocence et clouer au pilori une personne sans preuve. Sur ce point le film est très juste, objectif et ne jette l’opprobre sur personne, bien au contraire il explique particulièrement bien le mécanisme de souffrance qui peut entrainer une fausse déclaration.

Comme montré dans la bande annonce, le professeur en question est homosexuel et la question de la révélation de son homosexualité est posée pour « justifier » de son innocence. Entre risque d’une telle révélation dans un quartier dit sensible mais aussi l’incohérence d’une telle révélation pour justifier de son innocence, ce thème est très bien exposé par le film et montre comment notre système éducatif et judiciaire dysfonctionne, encore une fois sans jamais porter atteinte à la libération de la parole des victimes.

Puis vient l’analyse du système éducatif, d’une hiérarchie absente et au final d’un système qui par l’utilisation de la maxime « pas de vagues » se déshumanise et oublie qu’au final même si l’éducation nationale traite d’un ensemble d’élèves, elle ne doit pas oublier de s’occuper aussi des individualités.

Le moment le plus fort sera donné dans une des dernières scènes où on constate que l’échec d’un élève est aussi l’échec de son professeur et qu’il en prend toute la souffrance.

Pas de vagues est un film courageux, magnifiquement interprété par un François Civil de très haut niveau tout comme l’ensemble du casting avec une mention particulière pour tous les jeunes acteurs. C’est au final surtout un film nécessaire à nos débats de société, parfaitement équilibré dans son propos et d’un courage rare.

Par Grégory Caumes

Copyright Kazak Productions

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

REACHER – Saison 2 – Critique

REACHER – Saison 2 – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur la série

REACHER – Saison 2

Reacher est l’adaptation par Prime Vidéo de la série de roman de Lee Child mettant en scène Jack Reacher, un ancien membre de la police militaire qui parcourt les Etats-Unis et résout des enquêtes.

Cette adaptation se veut plus fidèle à l’œuvre que les deux films avec Tom Cruise et ne se situe donc pas dans la même continuité.

Si la saison 1 nous amenait dans un coin perdu des Etats-Unis, c’est dans une ambiance plus urbaine que se déroulera cette seconde saison.

Le pitch :

Reacher, toujours interprété magistralement par Alan Ritchson, apprend le décès dans des circonstances étranges d’un des membres de son ancien groupe d’investigation militaire.

Ce sera alors pour lui l’occasion de renouer avec son passé et de son ancienne escouade pour déjouer un complot bien plus vaste qu’il n’y parait d’un premier abord.

Une saison deux critiquée mais qui bat des records d’audience :

Cette saison deux est une des plus regardées de Prime Vidéo. Toutefois certaines critiques se sont faites entendre : environnement trop urbain qui dénature l’ambiance, promotion de la masculinité toxique, Reacher avec une équipe alors que c’est un solitaire…

Soyons clair, toutes ces critiques sont infondées. Reacher n’a jamais prôné la masculinité toxique, bien au contraire le casting féminin est encore plus fort et « badass » qu’en saison 1. Quant au personnage principal il est égal à lui-même, un colosse de 1m90 avec un intellect hors norme, qui a du mal à maintenir des liens sociaux. Oui, il se bat et casse la figure à ses opposants mais le casting féminin fait de même. Rarement une série n’aura été aussi équilibrée à ce niveau-là.

L’environnement urbain ne dénature pas la série et montre justement un Reacher évoluer dans un environnement différent avec des antagonistes qui n’ont rien à voir avec ceux de la saison 1.

Quant à son travail d’équipe, cela nous permet surtout de magnifier le personnage principal tout en nous donnant des indices sur son passé.

Le verdict :

La saison 2 de Reacher est excellente, maitrisée et permet d’aller encore plus loin avec le personnage. Vivement la saison 3 !

Par Grégory Caumes

Copyright Amazon Studios

NOTRE NOTE

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SHOWING UP (2023) – Critique

SHOWING UP (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur SHOWING UP

Showing Up ou comment la Vie nourrit l’Art, comment l’Art imite la Vie.

Ecrit et réalisé par la cinéaste américaine Kelly Reichardt, Showing Up dépeint avec tendresse et lucidité le quotidien d’une artiste sculptrice et plus particulièrement de ses créations, dont elle puise l’inspiration des inhérences banales et chaotiques de son existence.

Ce nouveau long-métrage, présenté au festival de Cannes en 2022, est l’occasion pour la réalisatrice-scénariste de retrouver son actrice fétiche, Michelle Williams, qui marque leur quatrième collaboration depuis leur tout premier film Wendy & Lucy, sortie en 2008. L’actrice de Certain Women campe ici le rôle de Lizzie, une artiste antipathique, pas vraiment heureuse et égoïste qui doit présenter dans quelques jours sa première exposition. Malheureusement pour elle, des événements extérieurs viennent perturber sa tranquillité d’esprit et l’empêchent de travailler sereinement sur les oeuvres qu’elle devra prochainement exposer.

Avec Showing Up, Kelly Reichardt déconstruit habilement le mythe de l’artiste et du génie créatif qui se cache derrière le nom. L’histoire, qui se déroule chronologiquement sur quelques jours avant son vernissage, entraîne le spectateur dans le quotidien solitaire de Lizzie et du chaos environnant qui gravite autour d’elle : un ballon d’eau-chaude qui ne marche plus, un chat qui n’en fait qu’à sa tête, un pigeon malade, une famille de plus en plus dysfonctionnelle. Malgré tout ces petits tracas qui ne nous paraissent pas tout à fait débordant, on comprend rapidement qu’ils deviennent sources d’angoisses en même temps qu’ils sont les fondements  même de son inspiration.

La cinéaste met particulièrement l’accent sur deux aspects distinct de la personnalité d’artiste : à travers le personnage de Jo (interprétée par la géniale Hong Chau), celle de l’artiste libre et entourée, qui se révèle être de nature plutôt instable,  insouciante et qui n’en fait qu’à sa tête. Et de l’autre, celle de Lizzie, l’artiste au tempérament plus renfermer, solitaire et insipide mais qui se dévoile être au final une personnalité beaucoup plus attachante, intéressante et responsable  qu’il n’y paraît. Cette évolution notable fait grandement partie de l’intelligence et la richesse du scénario  co-écrit avec  Jonathan Raymond

La symbolique de l’animal qui occupe pendant un court instant la vie d’un l’artiste est également une partie intégrante de Showing Up. En recueillant bien malgré-elle l’oiseau blessé par son chat dont elle s’était débarrassée, Lizzie transfigure sur cet animal fragile la figure de son mal-être personnel et révèle au spectateur une autre facette de sa personnalité que l’on n’aurait pas soupçonnée. L’autre idée du film provient du fait que l’art reste le médium le plus puissant et le plus accessible pour absorber, matérialiser et transmettre des émotions qui sont parfois hors de notre portée ou de notre propre langage.

A mi-chemin entre le cinéma indépendant américain et le documentaire, la réalisatrice propose un film à la fois clairvoyant et bienveillant sur les affres et pérégrinations de la vie d’artiste qu’on idéalise. La simplicité de sa mise en scène, l’écriture à double sens et le caractère très naturel de ce nouveau long-métrage confirme que oui, Kelly Reichardt mérite amplement son titre de grande cinéaste américaine de notre époque.

Par Rémi Vallier

Photos : Allyson Riggs/A24

BANDE-ANNONCE :

BOB MARLEY: ONE LOVE – Critique

BOB MARLEY: ONE LOVE – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

BOB MARLEY : ONE LOVE

Bob Marley : One Love est un film américain réalisé par Reinaldo Marcus Green. Il s’agit d’un film biographique sur le chanteur Bob Marley.

Bob Marley est incarné par Kingsley Ben-Adir et sa femme, Rita Marley, est interprétée par Lashana Lynch.

One love est un très bon film qui se concentre sur une partie de sa vie (la plus importante « politiquement »), celle de son « exil » à Londres et de la création de son album le plus mythique, Exodus.

Le casting est impeccable et le duo Ben-adir et Lynch fonctionne à merveille. La réalisation est de très bonne facture avec certains moments vraiment inspirés.

La musique est évidemment formidable.

C’est un divertissement familial – même si certaines scènes de violence peuvent choquer les plus jeunes – qui délivre un message universel et intergénérationnel d’unité et d’amour.

Il est possible, toutefois, que le film divise sur un point car il parle de l’impact de la religion dans la vie de Bob Marley, ce que peu de gens savent, avec une vision parfois trop idyllique du mouvement Rastafari.

Ce film en occulte les dérives notamment le fait que cette idéologie a empêché Bob Marley de bien soigner son cancer comme le déclarent certaines biographies.

À part ce point, c’est un super film dans le même style que Bohemian Rapsody, divertissement tout public qui délivre avant tout, de façon posthume, le message de l’artiste

Par Grégory Caumes.

Copyright 2023 Par. Pics.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

GODZILLA MINUS ONE – Critique

GODZILLA MINUS ONE – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

GODZILLA MINUS ONE

Godzilla Minus one est un film japonais de Takashi Yamazaki avec Ryûnosuke Kamiki, Minami Hamabe et Yûki Yamada.

Il est important de préciser que ce film n’est pas dans la continuité du monsterverse américain comprenant Godzilla et Kong. Il s’agit plus d’un reboot du Godzilla original avec le retour du studio de la Toho à la production.

Il est inutile de faire durer le suspens car avec seulement 15 millions d’euros de budget – pour rappel le dernier « Asterix » a couté 72,4 millions et « The Marvels » 270 millions – ce film met une claque phénoménale aux supers productions du monde entier.

Le film est un chef d’œuvre de réalisation passant de scènes intimistes puissantes à des scènes de chaos et de destruction d’une qualité bluffante. Godzilla Minus One est donc une totale réussite et cela à plusieurs niveaux.

La réalisation :

Encore une fois réussir à tourner un tel film avec si peu de budget est incroyable. La plupart des scènes sont d’une qualité parfaite, les effets spéciaux sont impeccables et, c’est à souligner, les scènes servant à développer les personnages ou à donner une vision du Japon d’après-guerre sont tout autant réussies.

Le scénario :

Oui ce film nous rappelle qu’une œuvre sur Godzilla doit être avant tout un film sociétal et politique. Placer l’action du film après la défaite japonaise lors de la seconde guerre mondiale est une idée brillante. En reprenant l’essence même du premier film, on revient sur le sentiment de désespoir du peuple japonais. On assiste aussi à une critique de la politique japonaise lors de la guerre mais aussi une analyse de la pression que mettent les grandes puissances d’après-guerre sur les vaincus. Le scénario sait nous tenir en haleine tout en nous délivrant une fresque sociétale bouleversante. C’est juste parfait.

Et le reste ?

Que cela soit la musique ou l’acting – tant qu’on n’est pas réfractaire à certains poncifs du cinéma japonais – nous sommes sur du très bon niveau.

En conclusion :

Oui Godzilla Minus One est une leçon de cinéma. On peut réaliser un grand film fantastique avec seulement 15 millions de dollars tout en délivrant une fable sociétale forte.

Par Grégory Caumes.

Copyright Photos : Toho Co., Ltd.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :