CODE QUANTUM (S3 E10) – Critique

CODE QUANTUM (S3 E10) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur CODE QUANTUM

Episode 10 de la saison 3 : Un miracle à New York

Avant-Propos :

Quelle est la recette d’un bon épisode de Noel pour une série TV ? En premier lieu, que Noël ne soit pas un prétexte, pas juste un décor pour une intrigue qui aurait pu se dérouler à tout autre moment de l’année. Ensuite, l’intrigue doit tenir dans ce seul épisode, toucher les personnages et montrer ce qu’il y a de mieux en eux. Et au final, ce doit être un véritable conte de Noël qui doit finir bien : la fameuse magie de Noël. Et si beaucoup de séries ont proposé des épisodes de Noël anecdotiques, une s’en sort merveilleusement bien et donne, à mon humble avis, le meilleur épisode de Noël du petit écran.

Code Quantum : Un miracle à Noël 

Des enjeux parfaitement adaptés aux contes de Noël

Petit résumé de Code Quantum : Sam est un scientifique qui voyage dans le temps en se « transmutant » dans des gens du quotidien pour réparer les erreurs du passé. Al, son ami, peut le suivre dans le temps sous forme d’hologramme pour l’aider dans sa mission, hologramme que seul Sam peut voir.

Dans cet épisode, Sam arrive dans la peau de Réginald Pierson, l’homme à tout faire de Monsieur Blake, un puissant homme d’affaire qui n’a que son entreprise et son cynisme pour lui tenir compagnie en cette veille de Noël.

Monsieur Blake a perdu foi en l’humanité et ne cherche qu’à étendre son empire financier même si pour cela, il doit détruire un local de l’Armée du Salut.

Pourtant trois points vont venir changer le destin de Monsieur Blake : son passé va le rattraper, la gérante de l’antenne locale de l’Armée du Salut ne va pas le laisser indifférent et, chose très rare dans Code Quantum, Monsieur Blake va voir Al car il possède des neurones qui sont sur une fréquence proche de celle de Sam.

Une réinvention du conte « A Christmas Carol » de Charles Dickens

La force de cet épisode c’est de prendre l’un des plus grands contes de Noël et de le réinventer. Sam va replonger Monsieur Blake dans son passé et le faire affronter son présent en le ramenant dans les quartiers de son enfance. Et c’est Al qui va utiliser ses artifices d’hologramme pour incarner le fantôme des Noel à venir et montrer à Blake son avenir sombre et sa déchéance dans la solitude. Tout cela va l’amener à comprendre qu’un simple choix peut tout changer.

Tous les codes de la série au service de Noël :

Que cela soit les reprises des chants de Noël, la série a toujours eut un lien fort avec la musique, la recherche du sens de sa mission par Sam, qui est au final de sauver l’âme de Blake ou l’apparition du surnaturel et du divin avec un échange touchant entre Sam et Al… Oui nous sommes dans un pur épisode de Code Quantum.

En conclusion :

Cet épisode, qui donne une grande place à notre regretté Dean Stockwell, est parfait. De la réalisation, aux chansons, en passant par le jeux des acteurs et l’hommage aux contes de Charles Dickens, rien n’est à jeter et me tire toujours une petite larme à la fin.

Mais surtout, en plus de respecter tous les codes pour réussir un épisode de Noël, il nous délivre un message fort sur cette fête, sur son sens le plus profond : la solidarité.

Sam et Al nous montrent qu’en aidant les autres, c’est au final nous même que nous aidons…que nous sauvons.

Alors voilà, je vous conseille vraiment cet épisode et je vous souhaite à toutes et à tous un très joyeux Noël !

Le meilleur épisode de Noël !

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI – Critique

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI

Avant-propos :

Cette critique est garantie sans spoilers, l’intrigue de ce film étant particulièrement intéressante, même au regard des standards actuels, il serait dommage de la gâcher.

Une œuvre majeure du cinéma

S’attaquer à la critique du film « Le cabinet du docteur Caligari » n’est pas chose aisée en 2021. Ce monument du cinéma expressionniste allemande, datant de 1920, est un film muet en noir et blanc. Pourtant ce film est-il juste une œuvre intéressante d’un point de vue de l’histoire du cinéma ou est-il encore un grand film agréable à regarder de nos jours ? Aucun suspens à avoir de ce côté-là, la réponse est les deux et j’avoue avoir été complétement absorbé par cette histoire et par la qualité visuelle de l’œuvre.

L’histoire :

Nous sommes ici dans un mélange de film d’épouvante et d’enquête. Vers 1830, une fête foraine s’installe à proximité d’un petit village allemand. Une attraction se démarque vite : « le cabinet du docteur Caligari ». En effet, ce « docteur » exhibe César, un homme qui dort en continu et qui est frappé de somnambulisme. César a aussi une autre particularité, il peut répondre à toutes les questions avec une exactitude surnaturelle et même prédire l’avenir. En parallèle de cela le désagréable secrétaire de mairie qui veille aux autorisations de la fête foraine est assassiné. Ceci n’est que le premier d’une série d’événements tragiques qui vont frapper cette petite communauté. Je n’en dirais pas plus, le scénario est en six actes qui vous tiendront en haleine du début à la fin.

Point à noter : beaucoup de texte ce qui facilite grandement la narration, donc un plus pour ceux qui aurait peur de se lancer dans un film muet.

Les scénaristes Carl Mayer (dont c’était le premier scénario !!) et Hans Janowitz font ici des merveilles et seront très souvent copiés mais rarement égalés.

Une mise en scène fascinante :

Ce film est souvent considéré comme une œuvre majeure du cinéma Allemand expressionniste des années 20 et il en est clairement le meilleur porte étendard. Même si on cite souvent Nosferatu et Metropolis (pas toujours à juste titre) car ce sont les plus connus, « Le Cabinet du docteur Caligari » en est la meilleure incarnation car il a le mouvement expressionniste viscéralement inscrit dans chacun de ses plans.

Le réalisateur Robert Wiene a souhaité que le spectateur ait l’impression que les acteurs se déplaçaient dans des tableaux étranges, envoutant, biscornus et c’est une réussite. De plus, ce film contient un grand nombre de lieu et chacun a une identité folle, les peintures de fond sont toutes envoutantes et tordues mais semblent réelles dans une sorte de folie qui s’empare de la ville lors des différents événements entourant la fête foraine. Une réussite graphique qui sert et sublime le scénario.

Oui, je l’avoue, j’ai été happé dans cet univers angoissant, chose que je pensais impossible pour un film de plus de 100 ans (même si dans un autre style Métropolis me fait toujours cet effet). Le talent des acteurs y est aussi pour quelque chose évidemment, surtout dans le dernier acte du film.

Conclusion :

Ce film n’est pas qu’un monument du cinéma expressionniste Allemand, il est un monument du cinéma tout style confondu et reste un des meilleurs films d’épouvante encore aujourd’hui. Son propos qui dénonce l’autorité irrationnelle et brutale reste intemporel et nécessaire, son style visuel est encore aujourd’hui marquant et son scénario captivant. Evidemment, un film muet et en noir et blanc ne touchera pas tout le monde (et moi le premier j’étais dubitatif) et pourtant quelle aventure cinématographique. Si vous aimez les films d’épouvante, les films d’horreur ou le cinéma en général, ne vous privez pas de cette œuvre fondatrice intemporelle.

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

JULIE EN 12 CHAPITRES (2021) – Critique

JULIE EN 12 CHAPITRES (2021) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur JULIE (EN 12 CHAPITRES)

Julie ou les tourments d’une jeune femme de son époque

Dès les premières minutes de son film, baptisé sobrement Prologue, Joachim Trier dresse le portrait d’une jeune adulte moderne qui peine à savoir ce qu’elle veut vraiment faire de sa vie. A la manière d’une girouette, sans jamais s’arrêter, Julie remet sans cesse en cause ses désirs, ses envies, ses projets avec cette sensation étrange d’en attendre toujours plus sans qu’il ne se passe rien. Que ce soit dans ses études, son métier ou plus particulièrement ses relations amoureuses, Julie est incapable d’aller au bout des choses, se lasse vite et préfère renouveler volontairement ces sensations euphorisantes des premières fois, celle où tout est beau, tout est rose, tout est nouveau. C’est alors qu’elle rencontre Aksel, de quinze ans son ainé, auteur reconnu de bande dessiné. Avec lui, Julie trouve une certaine stabilité qu’elle ne connaissait pas et semble s’épanouir pleinement dans cette relation plus adulte. Mais viens inévitablement les questions que chaque couple se pose au bout d’un certain temps de relation : les enfants, les projets d’avenir commun. Pour Julie, ces questions-là ne sont que de l’incertitude en plus à rajouter dans sa vie, elle qui est un esprit libéré, avide de liberté. Lors de la soirée de lancement de la nouvelle BD d’Aksel, Julie s’éclipse discrètement, mélancolique, erre dans la rue et finit par s’incruster dans une soirée célébrant un mariage où elle fera la rencontre du beau Eivind dont l’alchimie est immédiate, résonnant comme un appel au secours. Cette nouvelle rencontre redonne une fois de plus à Julie le prétexte de tout détruire pour tout reconstruire, ailleurs et toujours dans l’attente constante de quelque chose qui n’arrivera pas.

Une réalisation aérienne, une structure scénaristique et une mise en scène soignée,

Joachim Trier signe ici une réalisation légère, surfant presque sur la comédie romantique à certain moment mais qui n’oublie pas, pour notre plus grand plaisir, de nous régaler de quelques scènes mémorables, magnifiquement mises en scène. A la manière d’une héroïne de BD qui court pour remonter le temps, le réalisateur sublime cet instant de grâce entre deux amants qui se retrouvent pour échanger, à l’ombre du temps suspendu, leur premier baiser. Une jolie façon de romantiser ce dernier pour donner l’illusion d’un moment parfait et romanesque digne d’un grand roman d’amour.

Structuré comme un livre, en différents chapitres comprenant un prologue et un épilogue, Julie (en 12 chapitres) suit de de façon linéaire le parcours de cette jeune-femme en quête de liberté qui va apprendre à ses dépends à devenir adulte et à s’affirmer dans ses choix. Si certains chapitres sont plus court que d’autres, assez inégaux par moment, il permet au téléspectateur de souffler et de découvrir l’évolution de Julie sans baisser le rythme de la narration.

On saluera la prestation très juste et remarquer de Renate Reinsve dans le rôle de Julie, dont la palme d’or d’interprétation féminine était largement méritée. Avec son sourire  gracieux mais faussement naïf, l’actrice tire de son personnage, à la fois égoïste et instable, quelque chose de doux et de charmeur qui la rend attachante malgré ses agissements ou sa façon d’être qui peut être parfois irritante ou incompréhensible pour le spectateur. Mais c’est ce qui fait tout aussi bien la beauté comme la laideur du personnage qui comme chaque être humain sur Terre, fait des erreurs et se construit sa propre expérience sur son vécus personnel.

Une époque où chacun se cherche, se perd pour mieux se (re)trouver

Dans un lyrisme emprunt de nostalgie, Joachim Trier peint comme décor de fond une société auto-centrée et individualiste, qui ne sait pas toujours quelle direction prendre. Dans un monde qui évolue sans cesse, où les règles changent constamment, on peut être n’importe qui car tout est remplis d’infinies possibilités. C’est une génération qui court à travers la quête de l’identité d’être ou ne pas être, ce besoin urgent de vivre alors que le temps, finalement, nous n’avons que ça. Nous ne savons tout simplement pas comment  l’utiliser. Au fond, Julie est un personnage auquel homme comme femme peut s’identifier, peu importe l’expérience qu’il ou elle a vécu. La quête d’identité, de nos désirs et de nos rêves fait partie intégrante de notre existence et le réalisateur nous le rappelle subtilement par le biais de son héroïne et de ses relations amoureuses qui la font grandir.

Epilogue : la sagesse s’acquiert par les expériences bonnes ou mauvaises de la vie

Julie (en 12 chapitres) est un film doux-amer qui retrace avec justesse le récit initiatique de cette jeune femme à l’existence saccadée en proie aux questions et réflexions de son époque. Si par moment le personnage de Julie peut agacer ou exaspérer, à d’autre moment elle parviendra à toucher le spectateur par sa vulnérabilité et son charme naïf. L’acteur Anders Danielsen Lie qui joue le rôle d’Aksel apporte une vision plus mature et raisonnée sur les choix de vie de Julie et donne une prestation tout en sobriété délivrant une introspection intéressante sur le temps qui passe et les bouleversements apportés par sa relation avec elle. Le réalisateur signe une oeuvre qui donne matière à réflexion sur nos attentes parfois irréalistes par rapport à la réalité, sur notre soif de bonheur rappelant que c’est aussi l’expérience et l’âge qui apportent la sagesse suffisante pour trouver sa propre voie et ne pas refaire les mêmes erreurs du passé.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE

LE DERNIER DUEL (2021) – Critique

LE DERNIER DUEL (2021) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LE DERNIER DUEL

Délire Woke ou Fresque épique ?

Avant même sa sortie, ce film a déchaîné les passions.

Pour certains il allait être le renouveau de la filmographie de Ridley Scott. Ce réalisateur de légende, avec à son actif Alien, le huitième passager, Blade Runner, Gladiator ou encore Mensonge d’Etat, était attendu au tournant, surtout au regard de ses dernières œuvres parfois peu inspirées pour ne pas dire ratées telles qu’Alien Covenant, Exodus ou Robin des Bois.

Pour d’autres, il allait être un énième film « Woke » surfant de façon opportuniste sur le mouvement #meetoo.

Au final, comme souvent, la vérité se trouve dans la nuance.

Ça parle de quoi :

Le dernier duel est l’adaptation d’un livre qui romance un fait divers et judiciaire du moyen âge Français, datant de 1386.

Marguerite de Thibouville, épouse de Jean de Carrouges, écuyer puis chevalier issu d’une famille ancienne et respectée, accusa Jacques Legris, ami et fidèle du Comte D’Alençon, de viol. Le seul moyen de faire éclater la vérité sera d’organiser un duel judiciaire. Le vainqueur étant « choisi par Dieu » est obligatoirement, au regard des lois de l’époque, celui qui dit la vérité. Marguerite étant une femme, elle n’a pas de personnalité juridique propre et ne peut faire valoir ses droits. Ce sera donc son mari qui participera à ce duel.

Ce synopsis trouve évidemment un écho particulier dans notre actualité, certains pays bafouant les droits des femmes comme au moyen âge Français,

Le sujet est fort mais suffit-il à faire un bon film ?

Une réalisation de haut vol, un sans-faute niveau distribution mais une narration et un découpage du scénario qui manquent de rythme

Sur la réalisation, notre cher Ridley n’a pas perdu de sa superbe. Les batailles sont courtes mais intenses, la reconstitution du moyen âge n’est jamais idéalisée et reste dans un ton juste et le duel en question est puissant et stressant. De ce côté-là c’est un sans-faute.

La distribution est excellente, Matt Damon est méconnaissable dans une composition qu’il a peu l’habitude de faire : un personnage parfaitement antipathique mais dont on suit le parcours avec grand intérêt. Adam Driver en Jacques le Gris est parfait. Il incarne un personnage charismatique, séduisant, drôle et pourtant fourbe et sordide. Trop souvent le cinéma n’a représenté les agresseurs sexuels que par des hommes laids et idiots alors qu’ici la monstruosité se cache derrière un masque de charisme. Cela nous démontre tout le talent d’Adam Driver et de Ridley Scott dans la direction des acteurs. Jodie Comer, qui campe Marguerite, est, malgré sa petite expérience d’actrice, du niveau de ses confrères. Elle réussit à nous faire passer de moments tendres et doux à de vrais passages de désespoir, pour finalement nous délivrer un jeu marqué par une détermination à toute épreuve. Les acteurs jouant les personnages secondaires sont aussi au niveau (dont Ben Affleck) avec une mention spéciale pour Alex Lawther qui joue un Charles VI commençant à défaillir et que l’on sent décliner de son premier surnom « le bien aimé » à son second « le fou ».

En résumé, une réalisation au top et une distribution parfaite. Le film doit donc être du même niveau ? Pas totalement, la faute à un découpage qui se trahit lui-même.

Le film est découpé en trois parties : la vérité selon Jean, la vérité selon Jacques et la vérité selon Marguerite. Le concept est intéressant, surtout pour une affaire judiciaire qui fait encore débat. Mais ce procédé souffre de deux problèmes. Premièrement, une répétition de l’histoire qui rallonge inutilement le récit (nous montrer deux fois la même scène de viol – avec juste quelques images en plus – n’était pas nécessaire voire gratuit). Deuxièmement,  il passe parfois à côté d’une construction de personnage qui aurait pu être intéressante (Marguerite sait lire – ce qui était déjà rare pour un homme donc encore plus pour une femme au moyen âge – comment a-t-elle accédé à ce savoir ?). Ce problème aurait pu être oublié si au final le réalisateur ne nous donnait pas une indication claire sur quel récit dit la vérité. En faisant ça, on se demande pourquoi on s’est tapé 2H30 de film avec trois histoires alors qu’une seule compte. Il aurait mieux valu nous laisser des indices et nous laissé en débattre pendant des années ou alors, si le but etait de donner un parole forte à une personne pour reconnaitre, par le biais du film, sa parole, il aurait été judicieux de se focaliser uniquement sur un seul témoignage et l’enrichir encore plus Donc au final, en nous révélant qui dit la vérité, le concept même de découpage par point de vue n’a plus de valeur, dommage et rageant car l’idée était bonne.

Le Dernier Duel, un film woke ?

Toute l’œuvre de Ridley Scott est marquée par le sujet de la masculinité pouvant être toxique et le sujet de l’émancipation féminine. Le père Ridley nous a quand même donné une des plus grande icône féminine du cinéma en la personne de Ripley. Il n’a donc pas surfé sur la vague #meetoo, sa carrière étant déjà basée là-dessus dans une grand partie de ses films. De plus dans les films Woke, la recette est simple : tous les hommes sont mauvais, toutes les femmes sont bonnes. Dans le Dernier Duel ce n’est pas le cas. l’ensemble des personnages, à part Marguerite, ne sont pas positif au final . La société est patriarcale évidemment à cause des hommes, mais aussi à cause d’une grande majorité des femmes qui soutiennent volontairement ou par habitude ce système. Cette approche intéressante montre que Ridley Scott ne construit son œuvre que par son analyse et pas en se basant sur l’influence du moment.

Toutefois nous avons quand même certains problèmes de construction de personnage que l’on retrouve trop souvent dans les films avec une héroïne : Marguerite est parfaite. En effet, elle est belle, sait tout faire mieux que les hommes (lire, gestion du domaine…) sans explication (alors qu’encore une fois, ces compétences n’étaient pas enseignées aux femmes aux moyens âge, si marguerite a eu cet enseignement, il aurait été intéressant de le montrer) et n’obtiendra le soutien d’aucun homme. Dommage, un peu de nuance aurait rendu le personnage encore plus intéressant. Une actrice comme Jodie Comer aurait alors pu avoir une interprétation encore plus marquante.

En conclusion

Le Dernier Duel est extrêmement bien réalisé et met en lumière une affaire judiciaire française importante qui fait écho avec l’actualité mondiale sur le traitement des femmes dans des pays appliquant des règles moyenâgeuses qu’on aurait aimé voir disparaitre depuis longtemps. Il est alors dommage que le choix de narration et la construction du personnage de Marguerite suivent le livre plutôt que la rigueur historique et ne puissent donner à ce film le même niveau que les œuvres majeures de Ridley Scott.

Et pour finir, car j’aime râler, quel dommage que nous soyons incapables en France, de réaliser des films de ce niveau technique sur notre propre histoire et qui a, de plus été filmé en Dordogne… Nous devions sûrement être trop occupés à filmer une énième comédie sur un adultère ou un drame familial vu et revu… Navrant.

 Critique de Grégory C..

NOTRE NOTE

TOXIC CASH (2021) – Critique

TOXIC CASH (2021) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur TOXIC CASH

Toxic Cash (Body Brokers dans sa version originale) est un film mélangeant habillement thriller et drame social, démontrant une fois de plus toute la supercherie du rêve américain où le malheur des uns enrichi le compte en banque des autres.

Ca parle de quoi :

Utah (interprété par le flegmatique Jack Kilmer) et Opal (Alice Englert) sont deux jeunes toxicomanes en couple qui vivent de petits braquages et prostitution pour subvenir à leur dose quotidienne de crack. C’est alors que leur chemin croise par hasard celui de Wood (Michael K. Williams) un ancien toxicomane d’un certain âge. Après leur avoir offert à déjeuner avec les conversations d’usages, ce dernier à très vite cerné le couple et leur propose son aide afin de les sortir de cette situation et de soigner leur dépendance à la drogue. Alors qu’Opal est plus que réfractaire au discours de cet homme étrange venu les aborder aussi facilement, Utah, lui, semble plus enclin à la possibilité de se soigner afin d’opérer un changement radical de vie. Si la main tendue de Wood, apparu tel un ange gardien, semble être un cadeau du ciel permettant à Utah de se sortir de cette addiction, derrière cette action généreuse se cache une vérité beaucoup plus sombre qui vient transformer la beauté du geste en un acte monstrueux.

Une réalité inconfortable et dérangeante

Avec son aspect clinique et aseptisé, dans un style proche du documentaire, le réalisateur John Swab dépeint avec un réalisme glaçant le profit s’élevant à plusieurs milliers de dollars qui est fait sur le dos de millions de toxicomanes aux Etats-Unis. Suivant le parcours d’Utah, de sa phase de désintoxication à sa sobriété, c’est par le biais de son sauveur, Wood, qu’il apprendra son nouveau métier d’escroc : celui de Body Brokers, qui est en charge de « recruter » de nouvelles personnes aliénées par la drogue afin de remplir des centres de désintoxication. Ces derniers se remplissent les poches par des soins entièrement pris en charge par l’état américain et qui sert à enrichir toujours plus ses acteurs principaux qui les font vivre. Et pour ceux qui, comme Utah, n’ont pas d’assurance médicale, ne vous en faites pas ! Des gens comme Wood sont là pour vous placer sous leur couverture sociale. Bien évidemment, tout cela est complètement légal, car toutes les assurances santé en Amérique sont dans l’obligation de prendre en charge des personnes atteintes de toxicomanie. Et bien sûr, les toxicomanes eux-mêmes participent à cette supercherie, plus par la nécessité du profit qu’ils empochent en étant complices que par la conscience morale face à cet engrenage infernal dont ils sont eux mêmes esclaves et qui les fait de nouveau basculer à l’intérieur de ce système. Toute la question ne se porte plus sur les valeurs morales et humaines ou tout naturellement d’aider son prochain mais il s’agit simplement de s’enrichir toujours plus sur le malheur des autres.

De la colère à la frustration, en passant par l’incompréhension totale de ce rouage inhumain transformé en véritable fond de commerce, le film n’épargne pas le spectateur, au contraire, il lui fait l’affront de voir une réalité inconfortable et dérangeante malgré l’image léchée et ensoleillée de la Californie où tout semble possible et paradisiaque, avec ces centres de désintoxication aussi luxueux qu’un hôtel cinq étoiles. A travers l’histoire d’Utah qui devient, au comble de l’ironie, lui-même acteur de cette ignominie, on en découvre un peu plus sur les rouages et ficelles de ce système sans fin possédant même des bureaux où des employés sont chargés par téléphone de dégoter des potentiels « clients ». Tout cela est accompagné d’une voix en off qui nous décrit avec précision et sans langue de bois chaque étape et chaque gain en dollars que représente (et rapporte) un toxicomane durant sa cure de désintoxication. Frank Grillo, qui joue avec beaucoup de charisme et de dangerosité le rôle de Vin Holler, gourou et fondateur d’un de ces centres de désintoxication, amène à lui seul un aspect encore plus monstrueux et sans scrupule face à toute cette machination. Dommage que son personnage ne soit pas plus présent et travaillé car il crève véritablement l’écran par sa présence et son rôle stéréotypé d’homme blanc américain qui a réussi dans la vie malgré son passif tumultueux. Une fois de plus, le réalisateur arrive parfaitement à caricaturer avec ce personnage le fameux rêve américain que ces citoyens raffolent et qui d’une certaine manière contribue à entretenir le mythe.

En conclusion

De son début sous forme de publicité idyllique jusqu’à sa fin qui retentit comme un silence de mort, John Swab aura réussis sans peine à mettre le spectateur mal à l’aise en lui donnant ce sentiment de révolte qui le parcours tout au long du film face à cette terrible entreprise qui s’enrichit sur l’un des pires fléaux humain. Avec un casting impeccable où chacun trouve un rôle à sa mesure, servis par la justesse d’une mise en scène quasi-documentaire, mais assez proche d’un film indépendant, Toxic Cash réussi son tour de force en présentant une énième facette toujours plus sombre d’une Amérique fantasmée, celui où le capitalisme n’est pas de guérir ceux qui souffrent, mais bien au contraire d’en exploiter tout son potentiel économique. La misère humaine, ça rapporte.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE

MAID (2021) – Critique

MAID (2021) – Critique

Fiche technique :

  • Date de sortie : 2021
  • Réalisateur : Créée par Molly Smith Metzler
  • Genre : Drame
  • Durée : 10 épisodes

Notre avis sur MAID, mini-série (10 épisodes)

 

Une nuit, Alex et sa fille de deux ans s’enfuient de leur domicile afin d’échapper à une relation de plus en plus toxique et violente. S’enchaînent alors les mauvais coups du sort pour cette jeune maman qui était loin de s’imaginer le long parcours du combattant qui l’attendait.

À la rue, sans savoir où aller avec seulement dix-huit dollars en poche, Alex et Maddy finissent finalement par se retrouver dans un centre pour femmes victimes de violence conjugale. C’est alors que son ex-compagnon réapparaît pour obtenir la garde de leur fille. Mais Alex est bien décidée à se battre pour que sa fille reste auprès d’elle et ne tarde pas à décrocher un emploi de femme de ménage. Si les conditions de travail sont intenables, c’est sans compter sur la volonté de fer de s’en sortir que cette jeune maman est prête à tout pour offrir à sa fille un avenir meilleur.

MAID est un hymne au courage, à la force qui réside en chacun de nous et à cette volonté propre à se battre pour une vie meilleure malgré le chaos qui entoure notre existence. Chaque épisode est comme une mini-thérapie aussi bien pour Alex que pour le téléspectateur qui passera par différents types d’émotions face au parcours semé d’embûches de cette maman précaire emprise d’un passé et d’un présent douloureux.

Magnifiquement interpréter par Margaret Qualley, celle-ci donne au personnage d’Alex une certaine fragilité nuancée d’une force et d’une persévérance exceptionnelle qui évoluera de façon émouvante et réaliste tout au long de ces dix épisodes. Mais la performance la plus marquante est certainement celle d’Andy McDowell qui joue Paula, la mère d’Alex, hallucinante dans son rôle de femme bipolaire non diagnostiquée. Instable, épuisante, solaire mais aux discours lucides, Paula est une présence nécessaire dans la série et insuffle à elle seule tout aussi bien l’hilarité et la tendresse que l’irritabilité du téléspectateur. Le duo mère/fille, à l’écran comme dans la vraie vie, apporte de bons comme de mauvais moments à ces deux femmes que la vie n’as pas épargné.

Rappelons aussi que la série est une libre adaptation des mémoires de Stephanie Land, Maid: Le journal d’une mère célibataire. (Paru Aux éditions Globe) Ce qui ajoute d’autant plus de crédibilité à la série qui démontre, à bien des égards, toute l’incohérence d’un système américain qui fait la sourde oreille face à l’appel de détresse d’une population de plus en plus précaire, qui fait le travail de tout un pays et qui est injustement ignorée par notre société.

Malgré le parcours sombre et parfois chaotique de son héroïne, MAID est une série lumineuse qui porte un regard juste et réaliste sur cette jeune mère en proie aux violences et aux inégalités sociales et tend enfin la parole à ceux que l’on n’entend pas tout en donnant l’espoir d’un avenir meilleur.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE