SUNNY (2024) – Critique

SUNNY (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur la série

SUNNY

Si le paysage télévisuel se porte à « merveille » et est toujours plus fort de propositions en matière de série, rare sont celles qui arrivent à atteindre un tel degré de maîtrise et d’audace dès sa première saison. Produit par A24, créer par Katie Robbins et basé sur le roman The Dark Manual de Colin O’Sullivan, Sunny est la rarissime pépite télévisuelle de l’année 2024 qui réussit habilement à mélanger plusieurs genres en un. Preuve une fois de plus que la plateforme Apple TV+ a encore de beaux jours devant elle avec son catalogue toujours plus diversifié et alléchant.

C’est dans un futur proche, au cœur d’un Japon où la technologie est omniprésente, que Suzie Sakamoto erre dans la solitude et le deuil de la perte tragique de son mari Masa et de leur fils Zen, tous deux disparus dans un accident d’avion. Un soir, elle reçoit un « cadeau » de la part de la société électronique où travaillé Masa : un robot domestiqué répondant au doux nom de Sunny. Malgré son aversion pour les robots, Suzie est contrainte d’accepté l’aide de Sunny afin de percer le mystère de sa création et des nombreux secrets entourant la double vie de son défunt mari. Tandis que leur enquête les conduits à des situations de plus en plus dangereuses, la relation de cet improbable duo se mue en un attachement profond.

Sunny et le monde des humains

Avec beaucoup d’intelligence, d’humour et d’émotion, la série interroge sur notre rapport – très proche – à la technologie et comment celle-ci interfère dans nos vies. En bien ou en mal, ces questions restent larges et vastes, mais dans le cas de Sunny c’est la relation qui se noue entre ce robot attachant et cette femme ayant tout perdus qui est ici brillamment développé. Entre haine et amour, l’hostilité des débuts laisse place à une amitié étrange mais dont le lien finis par être perceptible.

Sunny, cet androïde sorti de nulle part, blanc comme neutre, devient un véritable personnage à part entière que la série parvient à humaniser avec brio – notamment lors de l’épisode 9 « Y’a qui dans la boîte ? » qui réalise toute la complexité de la robotique et son intelligence à penser et ressentir comme un humain. Sunny devient le porte-parole d’une génération future et en même temps le symbole d’une nouvelle ère qui est proche, mais faut-il pour autant en avoir peur et la redouter ? La réponse est pourtant évidente : les robots ne sont pas le problème, c’est ce que les humains veulent en faire qui est dangereux.

Lost In Kyoto for Miss Jones

En partie productrice, la génialissime Rachida Jones (Parks and Recreation, On the Rocks…) revient sur le devant de la scène avec le personnage de Suzie Sakamoto. Cette âme solitaire, en perdition, est un vrai rôle de composition à la mesure de son interprète. Malotrue quand il s’agit de s’adresser aux gens, mais dans la pleine action quand il est question d’agir pour les siens, Miss Jones réussi une fois de plus à être fabuleuse là où ne l’attends pas.  Déambulant dans les rues ancestrales d’un Kyoto avant-gardiste, conservant l’aspect d’une société nostalgique aux US et coutumes d’un autre temps, la série, comme son personnage, cherche des réponses dans un avenir incertain aux prouesses technologiques dont les enjeux économiques et humains nous dépassent.

« Sunny, you smiled at me and really eased the pain »

En passant du deuil tragique de la perte d’un être cher à une sombre histoire de Yakuzas, la série multiplie les genres et les rebondissements, ce qui pourrait presque la faire passer pour un mauvais soap opéra. Mais c’est sans compter sur l’intelligence et la qualité du scénario, de sa distribution d’acteur et avec son décor de rêve situé au cœur du calme tranquille et apparent de Kyoto. Si certains épisodes sont plus inégaux que d’autre, souffrant d’une baisse de rythme en milieu de saison, son art en matière de thriller futuriste et mafieux est indéniable. On lui pardonne donc aisément ses petites erreurs de parcours, car la série offre une véritable réflexion sur l’intelligence artificielle, les homebot et ce que nous en faisons vraiment, prenant à contre-pied le mythe du robot qui va éradiquer la civilisation humaine. Avec son twist final à l’issue de la saison 1, difficile de croire qu’une saison 2 ne verra pas le jour avec ses nombreuses questions laissées en suspens. Notre cher petit Sunny n’est pas prêt de buguer de sitôt.

Par Rémi Vallier

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GILMORE GIRLS – Saison 1

GILMORE GIRLS – Saison 1

Fiche technique :

Notre avis sur la série

GILMORE GIRLS (Saison 1)

Série culte des années 2000, Gilmore Girls est lantidépresseur de ce début dautomne. Intelligente et fine, la série de Amy Sherman-Palladino nous ramène avec douceur dans un autre monde dont il est nécessaire de faire une halte.

Diffusée pour la première fois en octobre 2000 sur la chaîne The CW, dépoussiérée par Netflix au milieu des années 2010 avec une suite inespérée, puis plébiscitée de nouveau – quelques années plus tard – en tendance sur les réseaux sociaux via Instagram, Tik-Tok etc, Gilmore Girls est LA série cocooning de la saison automne/hiver qu’il ne faut absolument pas manquer. Héritage culturel et sérielle des années 2000, la série est un hommage à une époque révolue mais qui pourtant nous manque. La petite ville de Stars Hollow où se situe l’histoire – est un véritable champ de force où gravite des personnages mémorables et haut en couleur. Gilmore Girls est une consolation pour tous ceux qui cherche un remède à la morosité quotidienne.

Créée par Amy Sherman-Palladino, l’histoire suit Lorelai (Lauren Graham) et sa fille adolescente, Rory (Alexis Bledel), qu’elle a eu à l’âge de 16 ans. Toute les deux très complices et meilleures amies, elles sont pourtant très différentes l’une de l’autre malgré leur amour commun pour le café. Quand Rory décroche une place dans la prestigieuse école de Chilton, Lorelai n’a pas d’autres choix que de demander à ses parents fortunés, qu’elle a fuie après la naissance de Rory, de l’aider financièrement. Entre leur vie à Stars Hollow, le travail, l’école, les petits copains, la famille, les amis et les animations de la ville, difficile pour les Gilmore d’avoir un moment de répit.

Un retour en arrière qui fait du bien

Ce qui est frappant avec cette première saison de Gilmore Girls, vingt-cinq ans après sa première diffusion, c’est de voir à quel point la technologie à évoluer de manière exponentielle – trop peut-être. Ici, pas d’ordinateur, aucun téléphone (interdit au Lukes en tout cas !), pas de réseaux sociaux, simplement de l’interaction entre des individus et une communauté toute entière. Dès son épisode pilot, la série montre tous les aspects charmants – voir très idyllique – du petit bourg paisible de Stars Hollow, directement inspirée d’une ville où la créatrice du show à séjourner avec son mari pendant un temps. Frappé par la gentillesse, la douceur et l’exubérance des villageois, cela fut un matériau indispensable à la création de l’histoire de Gilmore Girls. Oui, il existe encore des lieux où la gentillesse et la bienveillance ne sont pas un crime. La série ne s’éparpille pas à vouloir être dans le coup de l’actualité (de l’époque), de dénoncer quoi que ce soit ou de pointer du doigt ce que la société ne fait plus ou ne fait pas. Bien sûr, les filles Gilmore ne sont pas épargnées par les peines de cœurs, les drames familiaux et les petits tracas du quotidien. Ce quotidien que l’on connaît tous, qui nous ressemble mais dont on ne s’émerveille plus. Pourtant, cette première saison remet en perspective ces petits rien de la vie car Lorelai et Rory, comme le reste des habitants, instaurent durant toute cette première saison (et l’intégralité de la série) une proximité et une certaine joie de vivre qui nous manque cruellement aujourd’hui.

Un univers boule de neige pour une première saison réussie

Pour sa première saison, la série fait fort et nous plonge avec délice dans un univers où le temps semble s’être arrêter. Ce duo mère-fille original et iconique crève l’écran et capte son auditoire dès les premières minutes de dialogue. Si les interprétations de Lauren Graham et Alexis Bledel contribuent beaucoup à donner vie à ses personnages originaux, c’est aussi grâce à l’intelligence d’écriture d’Amy Sherman-Palladino que sa magie opère. On a rarement vu une série aussi bien écrite avec des personnages principaux et secondaire à la colonne vertébrale solide. Alors, bien sûr, ne vous attendait pas à des rebondissements dignes de Les Feux de lAmour ou d’un Desperate Housewives : ici on prend le temps, comme on savoure la vie, de développer ses intrigues et ses personnages. Le rythme de la série se cale au grès des saisons et les festivités de la ville nous immerge totalement dans cet univers si cher à sa créatrice et son mari Daniel Palladino, également aux commandes.

La foire aux références culturelles

On parlait de l’intelligence du scénario, des dialogues extrêmement bien écrits et riches. Parler chez les Gilmore est un vrai sport de combat, les répliques fusent comme deux joueurs qui font du ping-pong. Chaque épisode fait office de référence en la matière – passant d’une simple anecdote sur Britney Spears à une citation sur Marcel Proust. Avec une facilité déconcertante, la série vogue aussi sans arrêt entre deux mondes qui s’entrechoquent en permanence : celui de la petite ville modeste, chaleureuse et populaire où vivent Lorelai et Rory et au monde plus fermé et hermétique de la famille de Lorelai, décrit de manière plus réaliste et assommant, moins artificiel.

Gilmore Girls ou les plaisirs simple de la vie

Véritablement authentique, pleine de charme et de vie, Gilmore Girls nous fait presque regretter une époque au style de vie que nous avons complètement occulté de nos esprits. Originale, drôle et inventive, rare sont les séries qui arrivent d’emblée de jeux à nous faire croire que nous ne sommes plus simplement spectateur mais acteur. On aime divaguer dans les rues de Stars Hollow, écouter le débit de paroles inarrêtable de Lorelai, les répliques cinglantes de sa mère Emily (interpréter par la talentueuse Kelly Bishop), être impressionné par la détermination sans faille de Rory pour les études, découvrir les festivités locales – totalement loufoques et assumées – d’une ville dont on aimerait malgré tout faire partie. Une chose est sûre, Gilmore Girls est un héritage culturel qu’il est essentiel de préserver et de transmettre, pour nous rappeler que les petits bonheurs de la vie sont simples et ne se tiennent pas forcément entre deux mains derrière un écran. A l’approche de l’automne, il est d’ores et déjà temps de ressortir notre plaid le plus chaud, calé devant notre écran de téléviseur, afin de retrouver de nouveaux de vieilles amies qui, elles, seront toujours présentes pour ouvrir la saison de la mélancolie et de la nostalgie.

Par Rémi Vallier

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JAMAIS PLUS (2024) – Critique

JAMAIS PLUS (2024) – Critique

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Notre avis sur le film

JAMAIS PLUS – IT ENDS WITH US

Avant même d’être une énième adaptation, Plus jamaisen V.O. It End With Us est un phénomène littéraire écrit par Colleen Hoover, auteure de Romance populaire et de Young Adult, paru pour la première fois aux Etats-Unis en 2016. Malgré toute sa mauvaise presse et sa promotion chaotique, Plus jamais nest pas un mauvais film mais bien une œuvre fidèlement adapté subissant, à limage de son héroïne, la violence dune société polluée par des idées préconçues qui ninvitent plus les gens à réfléchir par eux-mêmes mais à penser comme les autres.

Traumatisée dès lenfance par un père violent, Lily Bloom part sinstaller à Boston afin de réaliser son rêve : ouvrir sa propre boutique de fleurs. Le hasard du destin fait quelle rencontre Ryle, un brillant et charismatique neurochirurgien avec qui elle entame une connexion très forte. Mais alors que leur relation prend une tournure plus sérieuse et intense, Lily entrevoit chez cet amant passionné des similitudes avec son défunt père. Perdue et confuse, son premier amour de jeunesse, Atlas, refait également surface dans sa vie, compliquant un peu plus le terrible choix quelle doit faire pour ne plus endurer ce que sa mère a subis durant de nombreuses années.

Une réalisation solide et un casting plus que convaincant

Avec Plus jamais, Justin Baldoni signe ici son 3ème long-métrage en tant que réalisateur. En 2019 et 2020, il réalisa A deux mètres de toi et Cloud, deux films qui portent sur ladolescence et la maladie. Lacteur nen est pas à son premier coup dessai et cela sen ressent : la réalisation est propre, sans être toutefois révolutionnaire, ses couleurs chaudes et automnales rappellent aussi bien la douceur caractérielle de son héroïne que la couleur de ses cheveux, libre et sauvage. Certaines idées de mises en scène sont bonnes, même si on reste finalement dans un esprit assez rom-com, et son casting arrive parfaitement à convaincre avec des prestations très fortes et engagées. Blake Lively insuffle au personnage de Lily Bloom de la profondeur et une sincérité désarmante. Justin Baldoni, en plus de la réalisation, campe le rôle de Ryle, jouant sur son charisme et sa plastique parfaite. Néanmoins, le rôle lexigeant, lacteur parvient parfaitement à maîtriser le bon comme le mauvais de son personnage avec des expressions très soulignés lorsquil perd le contrôle de ses émotions. Seule ombre au tableau : lutilisation à outrance de musiques indépendantes (parfois ringarde et larmoyante) qui ne sont pas forcément utiles et qui gâchent la magie de certaines scènes.

Un film qui ne romantise absolument pas la violence conjugale

Malgré laspect romantique et doux que porte le film, il ne romantise aucunement la violence conjugale. Alors oui, la relation entre Lily et Ryle débute par une histoire damour et CEST une histoire damour, comme toutes les relations naissantes entre deux individus qui se lient. La violence, bien quexprimée au début du film, narrive que plus tardivement au sein du couple, à mesure que leur relation évolue et cest là où le film fait preuve dingéniosité : ces scènes de violence se transfigurent à la caméra comme des accidents domestique, accentuant toute la barrière mentale du personnage de Lily a fantasmé lidée que ces accidents se sont produit de manière totalement involontaire et non par Ryle. Mécanisme de défense ou manière bien plus concrète de se voiler la face quand on prend conscience que l’être que lon aime le plus au monde est finalement celui qui nous fait le plus de mal.

L’œuvre ne cherche pas non plus à défendre ni à diaboliser à tout prix son personnage masculin à lemprise toxique, mais au contraire à lhumaniser, à donner un contexte à cette violence et à ce que la colère peut représenter quand elle nous dépasse totalement. Après tout, dans la vie, tout nest pas blanc et tout nest pas noir. Il faut apprendre à savoir nuancer, chose que les médias daujourdhui semblent avoir complètement occulté.

En parallèle, le film exploite la relation passée de Lily avec Atlas, son amour de jeunesse, qui a laissé à la jeune femme un souvenir indélébile. Ces sauts dans le temps permettent de créer un équilibre et donne un peu de légèreté et de rythme à un récit qui a parfois du mal à trouver sa cadence.

Jamais PlusIt End With Us est une adaptation intéressante mais qui aura malheureusement subi l’incompréhension générale des critiques – très faciles et trop paresseuses de devoir réfléchir au véritable sens véhiculé par le film. Sa promotion ratée et les quiproquos tendus entre les deux stars du film – petits jeux perpétuel qui font les choux gras de la presse et du public – ternissent malheureusement l’image de ce jolie long-métrage sans prétention, dont le but est de raconter une histoire touchante basée sur le propre vécue de l’autrice.

Par Rémi Vallier

Copyright Sony Pictures

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GREENHOUSE (2024) – Critique

GREENHOUSE (2024) – Critique

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Notre avis sur le film

GREENHOUSE

Le film s’ouvre sur le personnage de Moon-Jung qui se lève le matin, fait sa petite toilette et aussitôt commence à se gifler le visage. Ça y est le décor est planté, plus de doute possible, nous sommes bien en plein dans le cinéma coréen avec son lot de personnages meurtris et GREENHOUSE ne va pas déroger à la règle.

Premier film pour la jeune réalisatrice Lee Sol-hui (seulement 30 ans), GREENHOUSE suit le quotidien de Moon-Jung, une aide-soignante à domicile qui ne vit que pour son fils mineur incarcéré, pour un crime inconnu et bientôt libérable. Pour cela, le jour, elle s’occupe non sans relâche, d’un vieux monsieur aveugle et de sa femme, atteinte de démence. De nature bienveillante, elle supporte avec beaucoup de patience le comportement agressif et imprévisible de la vieille dame, qui l’accuse sans cesse de vouloir la tuer. Heureusement, elle peut toujours compter sur le soutien et la gentillesse du mari, qui la considère comme sa fille et se montre chaque jour reconnaissant de son soutien, compensant l’absence d’un fils bien plus obsédé par sa carrière que par le sort de ses parents.

Son travail terminé, elle rentre dans sa maison de fortune, une serre isolée au milieu de nulle part, qui ne nous manquera pas de rappeler celle du film BURNING de Lee Chang-Dong. Elle y loge en attendant d’avoir suffisamment d’économies pour pouvoir emménager avec son fils dans un appartement.

Alors qu’elle essaye de gérer au mieux la pression du quotidien avec ses différents personnages imprévisibles, un accident va se produire brutalement au domicile des deux retraités. Bientôt Moon-Jung va se retrouver avec un nouveau problème à régler seule : un corps…

Un projet personnel pour un thème universel

La mère de Lee Sol-hui s’est occupée de sa grand-mère atteinte de démence et le film est inspiré de cette relation :

« Alors qu’elle aimait pourtant travailler bénévolement, elle trouvait ça très difficile lorsqu’il s’agissait de sa propre mère. C’est en observant cette relation très intime que m’est venue l’histoire du film », précise la réalisatrice.

La question de la prise en charge des personnes âgées est un thème récurrent dans le cinéma coréen, et GREENHOUSE l’aborde tout en pointant la condition des laissés-pour-compte en Corée du Sud. La réalisatrice précise cependant qu’elle ne voulait pas traiter la thématique de l’accompagnement de la vieillesse comme l’histoire de quelqu’un d’autre ou comme une histoire qui concernerait uniquement la Corée, mais plutôt dans ce que ce sujet a d’universel.

Un thriller qui n’a pas grand-chose d’un thriller ordinaire

Dans le domaine du thriller qui fut jadis un genre exclusif et maitrisé à la perfection par le territoire de l’oncle Sam, les Coréens sont depuis plusieurs années devenus des maîtres dans le genre dans l’utilisation du suspense et des codes du polar. Pourtant GREENHOUSE n’a rien d’un polar musclé à l’instar d’un OLD BOY de Park Chan-wook, ne tient rien de la violence extrême d’un J’AI RENCONTRÉ LE DIABLE de Kim Jee-woon, et n’a rien du scénario millimétré de MEMORIES OF MURDERS de Bong Joon-jo. On est ici face à un thriller qui n’a pas grand-chose d’un thriller ordinaire. À partir de l’évènement tragique, une atmosphère plus sombre va cependant se développer, menant le film du drame psychologique au drame social en saupoudrant le tout d’une touche de comédie noire presque ironique.

La réalisatrice fait le choix de la pudeur, à la fois dans son scénario comme dans la mise en scène. Cette approche que l’on pourrait presque qualifier de minimaliste, a toutefois l’inconvénient de ternir ou d’amoindrir toutes formes d’émotion, dont on n’aurait pas boudé notre plaisir. Le film est empreint de légèreté ne créant que (trop) peu d’émoi.

Entre douceur, bienveillance, tourmente, violence, et destruction, GREENHOUSE parvient à dresser une critique sur la notion de responsabilité et la manière dont la société arrive à transformer des individus de prime abord ordinaires en personnages troublants s’égarant dans la folie.

Un film à découvrir en DVD et Blu-Ray dès le 1er octobre.

Lien d’achat du titre auprès d’HANABI : bit.ly/greenhouse-dvd

Par Sébastien NIPPERT

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COMME UN LUNDI (2024) – Critique

COMME UN LUNDI (2024) – Critique

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COMME UN LUNDI

« Un film humaniste qui prouve que l’union fait la force. »

A la manière d’un Bill Murray en détresse dans Un jour sans fin, Comme un lundi (re)joue sur l’idée de la boucle temporelle qui n’en finis pas, situant son action au sein d’une petite agence de publicité japonaise où ses employés revivent inlassablement la même semaine. Si le film ne brille pas par son originalité, ce huit-clos jouissif et barré au coeur d’un coworking spaces nippon sauce The Office émeut et nous touche par sa profondeur insoupçonnée.

Pour son premier long-métrage, Ryo Takebayashi signe ici une fable humaniste sur l’importance des liens sociaux, de la solidarité et de la beauté du geste : celui qui se fait avec le coeur, sans rien attendre en retour, sauf la satisfaction d’avoir contribué au bonheur de quelqu’un d’autre que soi. Si cela peut paraître excessivement naïf à notre époque, il n’en reste pas moins la conviction que tout être humain est capable de se remettre en cause et de faire le bien autour de lui.

Curieusement, dès le départ, on a la certitude que le film est là pour dénoncer le monde impitoyable des entreprises japonaises, où l’éreintement et l’épuisement psychologique et physique deviennent un trait de caractère commun à ces personnages en plein burn-out professionnel (et émotionnelle). Entre l’ambition dévorante et méprisante de réussir professionnellement, Yoshikawa, qui est le fil conducteur principal de cette boucle infernale, doit malgré elle s’allier à ses collègues de bureau, dont elle ne connaît rien d’autre que le nom, afin de trouver le moyen de briser cette malédiction. Au coeur de ce théâtre désordonné, où l’espace restreint et le manque d’intimité invite à la proximité, un groupe d’individus qui n’avait rien en commun fait pourtant équipe contre le destin, envers et contre tous. En réalité, le long métrage célèbre la force communautaire dans un monde qui perd un peu plus son humanité au profit de l’individualisme.

Avec sa réalisation dynamique, on a l’impression que la caméra suit le même état d’esprit que ses personnages qui n’ont plus aucune notion du temps et de l’espace, enfermés dans une bulle qu’on peut difficilement éclater. Entre des gros plans entrecouper et un pigeon voyageur qui rappelle sans cesse l’aspect comique de la situation, c’est pourtant vers sa seconde partie qu’il commence à trouver son équilibre, de la même façon que ses héros de l’ombre, invisible derrière leurs bureaux, qui se révèlent à eux-mêmes et aux autres pour oeuvrer dans la même direction.

Avec philosophie mais pleine de vérité sur nos agissements parfois égoïste de vouloir réussir, Ryo Takebayashi offre une belle leçon sur la vie – ses petits instants de rien du tout mais qu’on ne remarque plus – et sur le cinéma. Il nous rappelle que la comédie n’est pas forcément une suite de gags qui s’enchaînent, ni de l’acting outrancièrement comique. Faire de la comédie, c’est aussi braver son concept initial. Finalement, c’est derrière les rires et les larmes que nous partageons que l’on comprend mieux le sens du mot « collectif ». Comme un lundi ou plutôt… Comme l’union fait la force.

Par Rémi Vallier

Copyright Arthouse

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KILL (2024) – Critique

KILL (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

KILL

Le pitch officiel :

Dans un train pour New Delhi, une bande de voleurs prend en otage les passagers, sans savoir qu’un homme bien plus redoutable qu’eux est à bord. Lorsque ces derniers s’en prennent à la femme qu’il aime, Amrit, membre des forces spéciales, réagit avec une vengeance implacable.

Un film efficace et percutant :

Certains ont déjà surnommé ce film le « John Wick indien« . En effet, les scènes d’action sont particulièrement efficaces et rivalisent avec les meilleures productions actuelles. Mais Kill va plus loin, en jouant habilement avec les codes des films américains et indiens.

D’un point de vue de la réalisation, l’utilisation d’un train couchette est aussi percutante dans les scènes de combat (sanglantes, stressantes et jouissives) que dans les moments plus intimes. Ce huis clos maintient une pression constante, et l’on sort de cette expérience cinématographique essoufflé.

Le casting est tout aussi bon, que ce soit pour les antagonistes, cruels et détestables, ou pour le héros et les personnages secondaires, voire tertiaires, que l’on apprend à apprécier en peu de temps. Le destin funeste de certains ne manquera pas de vous émouvoir. Le travail d’écriture est de très bon niveau, tout comme la performance des acteurs.

Sur le plan du scénario, des retournements de situation vraiment inattendus surprendront le spectateur, tout en déconstruisant intelligemment les codes du genre, sans jamais trahir l’esprit de ce type de film.

En conclusion

Aussi stylé qu’un John Wick, aussi percutant que The Raid, et novateur dans son déroulement, KILL est une véritable réussite et sans doute l’un des meilleurs films d’action et de combat de ces dernières années.

 

Par Grégory Caumes

Copyright Metropolitan FilmExport / Originals Factory

NOTRE NOTE

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