LA PASSAGÈRE (2022) – Critique
Fiche technique :
- Date de sortie : 28 décembre 2022
- De : Héloïse Pelloquet
- Avec : Cécile de France, Félix Lefebvre
- Genre : Drame, Romance
- Durée : 1h35
Notre avis sur LA PASSAGÈRE
Pour son premier long-métrage, Héloïse Pelloquet nous embarque comme passager dans l’univers de la mer et du dur métier de marin-pêcheur en compagnie de son héroïne, Chiara, interprétée par la solaire Cécile de France. A l’image de la mer agitée et de ses profonds tourments, le personnage de Chiara va connaître un véritable bouleversement : celle d’un amour, interdit, mais libérateur, avec Maxence, jeune apprenti qu’elle et son mari ont embauché, et qui va envoyer valser dans le flot des vagues toutes ses certitudes.
La Passagère est un beau – et rare – film français où la construction du récit, des dialogues ainsi que sa réalisation sont maîtrisés de bout en bout, même si l’on peut reprocher quelques fois un manque de profondeur dans le développement de ses personnages et de certaines scènes. Mais comme l’indique le titre du film, nous sommes comme à l’instar de son héroïne simplement passager d’une histoire ; celle de Chiara et de Maxence, dont l’âge, le milieu social et la culture les oppose diamétralement.
Rare sont les films où les femmes d’un certain âge sont si bien représentées et vivent une aventure extra-conjugale (ou non) avec un homme plus jeune. Le long-métrage fait à la fois preuve d’ambition, de modernisme, mais surtout de bienveillance sans porter aucun jugement sur les actes de ses personnages (aussi bien masculin que féminin). C’est ce qui fait en grande partie toute la force du film, en plus du caractère naturelle et instinctif de son actrice principale, s’alliant lui aussi parfaitement au récit presque romanesque de cette liaison passagère.
On retrouve dans la réalisation d’Héloïse Pelloquet un certain esthétisme des films français des années 70-80 ainsi qu’une belle photographie qui rend hommage à toutes les nuances de la mer et des îles Atlantiques. En quelques plans seulement, la réalisatrice arrive à nous dépeindre significativement le milieu – encore – très masculin du métier de marin-pêcheur mais aussi la proximité des petites villes marines, son charme familial et les rapports sociétaux complexes qui peuvent en découler.
Malheureusement, le gros point noir du film vient de l’alchimie inexistante entre ces deux amoureux interdits, rendant leur histoire beaucoup moins intéressante et intense qu’elle ne devrait l’être en réalité. Cécile de France est, comme toujours, naturelle et lumineuse, a contrario de son partenaire de jeu, Felix Lefebvre, beaucoup plus terne et moins recherché et nuancé dans son jeu d’acteur que son aînée. Il est donc difficile par moment de croire en leur histoire et de cette relation à la fois très sexuelle et pleine de tendresse.
En dépit de cette alchimie manquée entre les deux acteurs, le film parvient à tirer le meilleur de sa réalisation mais aussi de son scénario qui tient en haleine le spectateur, curieux de connaître la fin de l’histoire. Il sera surpris de constater que La Passagère est aussi le court instant d’une vie d’une femme qui se réinvente, s’autorise à aimer et à vivre et ce peu importe l’âge ou les conventions. Car rien n’est plus beau et exaltant que l’horizon qui apparaît, calme et tranquille, au-dessus de la mer, après une brève tempête.
Par Rémi Vallier.