THE SUBSTANCE (2024) – Critique

THE SUBSTANCE (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

THE SUBSTANCE

The Substance (ou La Substance au Québec) est un film d’horreur franco-britanno-américain écrit et réalisé par Coralie Fargeat, sorti en 2024.

Le film est présenté en « compétition officielle » au Festival de Cannes 2024, où il remporte le Prix du scénario. Les acteurs principaux incluent Demi Moore dans le rôle d’Elisabeth Sparkle, Margaret Qualley dans celui de Sue et Dennis Quaid dans le rôle de Harvey.

Lorsqu’on se rend au cinéma pour voir un film ayant remporté le Prix du scénario, et après tant de battage médiatique (même s’il reste limité au microcosme du cinéma), on s’attend naturellement à être ébloui, captivé et même subjugué… Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Le scénario est aussi creux que celui de Thor 4, le film est aussi ennuyeux que la vidéo de notre dernière coloscopie et la réalisation aussi peu inspirée que celle de Sharknado (qui, au moins, avait le mérite d’être divertissant).

Le concept de base est intrigant, mais il se révèle finalement bancal. Elisabeth Sparkle vient de fêter ses 50 ans ; elle est licenciée le jour même de son show télévisé, jugée « trop vieille » et dépassée. Ancienne star du petit et grand écran, elle se retrouve sans perspectives. Une solution miracle lui est alors proposée : la fameuse substance, qui lui permet de créer un double d’elle-même, plus jeune et censé être la meilleure version d’elle-même. Mais une question se pose rapidement pour le spectateur : quel intérêt cela représente-t-il pour elle ? Elisabeth ne contrôle pas son double. À chaque fois que ce double est actif, elle tombe dans le coma pendant sept jours (puis échange à nouveau avec son double), et elle subit même des répercussions physiques si elle ne respecte pas les règles liées à cette fameuse substance.

Elle n’a donc aucun intérêt à continuer cette « expérience » (d’autant qu’elle peut l’arrêter quand elle le souhaite). Cette situation manque cruellement de logique.

On passe aussi sur les « leçons » moralisatrices du scénario, qui reprennent sans finesse les arguments du film Barbie : l’homme blanc, surtout s’il est riche, incarne le mal. D’autres films abordent ce sujet de manière bien plus subtile et percutante. Certes, le personnage de Fred (très peu présent) nuance un peu le propos.

En fin de compte, on peut deviner pourquoi ce film a remporté le prix du meilleur scénario : des scènes de nudité difficiles à tourner, montrant la vulnérabilité des actrices — un type de scène souvent apprécié par les jurés —, un film trop long pour son propre bien, un sujet centré sur l’univers de la télévision et du cinéma, et une scène gore à la fin pour marquer les esprits. Le film remplit donc bien le cahier des charges pour gagner un prix mais pas pour être agréable à suivre.

Bref, la dernière fois que nous nous sommes autant ennuyés au cinéma, c’était devant Beowulf avec Christophe Lambert.

 

Par Grégory Caumes

|Copyright Metropolitan FilmExport / Mubi Deutschland

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

ANORA (2024) – Critique

ANORA (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

ANORA

Anora est un film américain réalisé par Sean Baker, sorti en 2024. Il est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024, où il remporte la Palme d’or.

Anora (génialement interprétée par Mikey Madison) est une jeune prostituée de Brooklyn. Dans le club de strip-tease où elle travaille, elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Celui-ci décide de s’offrir les services d’Anora pour une semaine ; elle va alors vivre une vie d’excès, de soirées, de dépenses et de joie pendant ce laps de temps. Finalement, son jeune client lui propose de l’épouser, et elle accepte, voyant s’offrir à elle une histoire similaire au film Pretty Woman. Malheureusement, le rêve se brise rapidement lorsque les parents du jeune client découvrent ce mariage, portant atteinte à leur image et à leur statut en Russie. Envoyant des hommes de main particulièrement inefficaces pour « régler le problème », ils déclenchent une véritable course-poursuite nocturne à travers la ville.

Un scénario intelligent et touchant

Si le début du film semble presque faire la promotion d’une jeunesse dorée qui dépense sans compter, il se transforme rapidement en une comédie à l’humour grinçant et particulièrement efficace, visant les « valeurs » de cette société, leur manière de traiter les humains en dehors de leur rang et les dommages qu’ils peuvent causer en toute impunité.

Mikey Madison est incroyable en Anora : drôle, déjantée, sensible et touchante, elle est l’âme du film. L’ensemble du casting est tout aussi bon, avec une mention spéciale pour Youri Borissov, qui incarne Igor, un homme de main apparemment insensible mais crucial pour la compréhension du message du film.

Une réalisation et une bande son au service du récit

Le film possède trois identités : la première, qui nous donne une vision idéalisée de la jet-set et du monde de la nuit ; la seconde, avec un humour à l’anglaise, incarnée par un road trip nocturne particulièrement convaincant ; et enfin, une dernière identité, celle de la fable sociale, cruelle mais touchante. Chaque identité possède presque sa propre réalisation et bande son, tout en restant particulièrement cohérentes entre elles. C’est une véritable démonstration de mise en scène.

En conclusion

Anora est une comédie dramatique touchante, souvent drôle et parfois vraiment triste, qui nous délivre un message fort sur notre société.

 

Par Grégory Caumes

Copyright 2024 Anora Productions, LLC / Drew Daniels

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

MADAME DOUBTFIRE (1994) – Critique

MADAME DOUBTFIRE (1994) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

MADAME DOUBTFIRE

Classique de la comédie familiale américaine, Madame Doubtfire sent bon les années 90 et nous ramène à une époque prolifique du cinéma américain où tout était permis avec, dans le rôle principal, le regretté et légendaire Robin Williams.

Signé Chris Colombus à la réalisation (Maman jai raté lavion, Harry Potter 1 & 2), Madame Doubtfire raconte l’histoire de Daniel (Robin Williams), homme-enfant insouciant et père de famille, en plein divorce avec sa femme Miranda (Sally Field). Après décision de la cour, il n’est autorisé à voir ses enfants qu’une fois par semaine. Tandis que son ex-femme cherche une gouvernante pour s’occuper d’eux après l’école, une idée saugrenue germe dans l’esprit de Daniel : avec ses talents d’imitateur et d’acteur, il crée la gouvernante parfaite en la personne de Mme Doubtfire.

Tout le bonheur de cette comédie réside dans l’incroyable talent d’acteur – et de performer – de Robin Williams, ici inoubliable dans l’iconique rôle de cette nounou inventée de toute pièce. Véritable génie du cinéma, ce rôle de composition, et pas des moindres, est toujours aussi impressionnant bien des décennies plus tard. Un Charlie Chaplin des temps modernes qu’on regrette amèrement aujourd’hui, personnalité marquante de toute une génération de cinéphile. Avec ce long-métrage intelligent, l’acteur nous présente un homme dépassé par son divorce et la tristesse de ne plus voir ses enfants, prêt à tout pour reconquérir son rôle de père.

Comme le cinéma a pu le faire auparavant avec Dustin Hoffman dans Tootsie, ou encore Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains laiment chaud, le long-métrage s’amuse sur l’effet du travestissement et des situations comiques et dramatiques qui en découlent. Mais sous la caméra de Chris Colombus l’homme qui murmurait aux oreilles des enfants et des adultes – le film prend davantage de profondeur et sert une histoire à la fois touchante et universelle sur le divorce et les conséquences de la séparation familiale. Touchant de sincérité, le film formule la morale que toutes les familles sont différentes et qu’il existe différents liens possibles pour les garder, les préserver.

Son casting et réalisateur de choix, sa résonance toujours aussi actuelle et son habileté impressionnante à servir aussi bien une comédie qu’un drame familiale ne finira jamais de nous étonner, en même temps qu’il rentre dans la légende des films culte dont on ne se lassera jamais. Madame Doubtfire est et restera l’éternel cadeau d’un acteur magistral dont la présence et l’art nous manque encore aujourd’hui, laissant une trace indélébile dans le monde merveilleux du 7e art.

Par Rémi Vallier

Copyright  20th Century Fox

BANDE-ANNONCE :

SUNNY (2024) – Critique

SUNNY (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur la série

SUNNY

Si le paysage télévisuel se porte à « merveille » et est toujours plus fort de propositions en matière de série, rare sont celles qui arrivent à atteindre un tel degré de maîtrise et d’audace dès sa première saison. Produit par A24, créer par Katie Robbins et basé sur le roman The Dark Manual de Colin O’Sullivan, Sunny est la rarissime pépite télévisuelle de l’année 2024 qui réussit habilement à mélanger plusieurs genres en un. Preuve une fois de plus que la plateforme Apple TV+ a encore de beaux jours devant elle avec son catalogue toujours plus diversifié et alléchant.

C’est dans un futur proche, au cœur d’un Japon où la technologie est omniprésente, que Suzie Sakamoto erre dans la solitude et le deuil de la perte tragique de son mari Masa et de leur fils Zen, tous deux disparus dans un accident d’avion. Un soir, elle reçoit un « cadeau » de la part de la société électronique où travaillé Masa : un robot domestiqué répondant au doux nom de Sunny. Malgré son aversion pour les robots, Suzie est contrainte d’accepté l’aide de Sunny afin de percer le mystère de sa création et des nombreux secrets entourant la double vie de son défunt mari. Tandis que leur enquête les conduits à des situations de plus en plus dangereuses, la relation de cet improbable duo se mue en un attachement profond.

Sunny et le monde des humains

Avec beaucoup d’intelligence, d’humour et d’émotion, la série interroge sur notre rapport – très proche – à la technologie et comment celle-ci interfère dans nos vies. En bien ou en mal, ces questions restent larges et vastes, mais dans le cas de Sunny c’est la relation qui se noue entre ce robot attachant et cette femme ayant tout perdus qui est ici brillamment développé. Entre haine et amour, l’hostilité des débuts laisse place à une amitié étrange mais dont le lien finis par être perceptible.

Sunny, cet androïde sorti de nulle part, blanc comme neutre, devient un véritable personnage à part entière que la série parvient à humaniser avec brio – notamment lors de l’épisode 9 « Y’a qui dans la boîte ? » qui réalise toute la complexité de la robotique et son intelligence à penser et ressentir comme un humain. Sunny devient le porte-parole d’une génération future et en même temps le symbole d’une nouvelle ère qui est proche, mais faut-il pour autant en avoir peur et la redouter ? La réponse est pourtant évidente : les robots ne sont pas le problème, c’est ce que les humains veulent en faire qui est dangereux.

Lost In Kyoto for Miss Jones

En partie productrice, la génialissime Rachida Jones (Parks and Recreation, On the Rocks…) revient sur le devant de la scène avec le personnage de Suzie Sakamoto. Cette âme solitaire, en perdition, est un vrai rôle de composition à la mesure de son interprète. Malotrue quand il s’agit de s’adresser aux gens, mais dans la pleine action quand il est question d’agir pour les siens, Miss Jones réussi une fois de plus à être fabuleuse là où ne l’attends pas.  Déambulant dans les rues ancestrales d’un Kyoto avant-gardiste, conservant l’aspect d’une société nostalgique aux US et coutumes d’un autre temps, la série, comme son personnage, cherche des réponses dans un avenir incertain aux prouesses technologiques dont les enjeux économiques et humains nous dépassent.

« Sunny, you smiled at me and really eased the pain »

En passant du deuil tragique de la perte d’un être cher à une sombre histoire de Yakuzas, la série multiplie les genres et les rebondissements, ce qui pourrait presque la faire passer pour un mauvais soap opéra. Mais c’est sans compter sur l’intelligence et la qualité du scénario, de sa distribution d’acteur et avec son décor de rêve situé au cœur du calme tranquille et apparent de Kyoto. Si certains épisodes sont plus inégaux que d’autre, souffrant d’une baisse de rythme en milieu de saison, son art en matière de thriller futuriste et mafieux est indéniable. On lui pardonne donc aisément ses petites erreurs de parcours, car la série offre une véritable réflexion sur l’intelligence artificielle, les homebot et ce que nous en faisons vraiment, prenant à contre-pied le mythe du robot qui va éradiquer la civilisation humaine. Avec son twist final à l’issue de la saison 1, difficile de croire qu’une saison 2 ne verra pas le jour avec ses nombreuses questions laissées en suspens. Notre cher petit Sunny n’est pas prêt de buguer de sitôt.

Par Rémi Vallier

|Copyright Apple TV+

BANDE-ANNONCE :

GILMORE GIRLS – Saison 1

GILMORE GIRLS – Saison 1

Fiche technique :

Notre avis sur la série

GILMORE GIRLS (Saison 1)

Série culte des années 2000, Gilmore Girls est lantidépresseur de ce début dautomne. Intelligente et fine, la série de Amy Sherman-Palladino nous ramène avec douceur dans un autre monde dont il est nécessaire de faire une halte.

Diffusée pour la première fois en octobre 2000 sur la chaîne The CW, dépoussiérée par Netflix au milieu des années 2010 avec une suite inespérée, puis plébiscitée de nouveau – quelques années plus tard – en tendance sur les réseaux sociaux via Instagram, Tik-Tok etc, Gilmore Girls est LA série cocooning de la saison automne/hiver qu’il ne faut absolument pas manquer. Héritage culturel et sérielle des années 2000, la série est un hommage à une époque révolue mais qui pourtant nous manque. La petite ville de Stars Hollow où se situe l’histoire – est un véritable champ de force où gravite des personnages mémorables et haut en couleur. Gilmore Girls est une consolation pour tous ceux qui cherche un remède à la morosité quotidienne.

Créée par Amy Sherman-Palladino, l’histoire suit Lorelai (Lauren Graham) et sa fille adolescente, Rory (Alexis Bledel), qu’elle a eu à l’âge de 16 ans. Toute les deux très complices et meilleures amies, elles sont pourtant très différentes l’une de l’autre malgré leur amour commun pour le café. Quand Rory décroche une place dans la prestigieuse école de Chilton, Lorelai n’a pas d’autres choix que de demander à ses parents fortunés, qu’elle a fuie après la naissance de Rory, de l’aider financièrement. Entre leur vie à Stars Hollow, le travail, l’école, les petits copains, la famille, les amis et les animations de la ville, difficile pour les Gilmore d’avoir un moment de répit.

Un retour en arrière qui fait du bien

Ce qui est frappant avec cette première saison de Gilmore Girls, vingt-cinq ans après sa première diffusion, c’est de voir à quel point la technologie à évoluer de manière exponentielle – trop peut-être. Ici, pas d’ordinateur, aucun téléphone (interdit au Lukes en tout cas !), pas de réseaux sociaux, simplement de l’interaction entre des individus et une communauté toute entière. Dès son épisode pilot, la série montre tous les aspects charmants – voir très idyllique – du petit bourg paisible de Stars Hollow, directement inspirée d’une ville où la créatrice du show à séjourner avec son mari pendant un temps. Frappé par la gentillesse, la douceur et l’exubérance des villageois, cela fut un matériau indispensable à la création de l’histoire de Gilmore Girls. Oui, il existe encore des lieux où la gentillesse et la bienveillance ne sont pas un crime. La série ne s’éparpille pas à vouloir être dans le coup de l’actualité (de l’époque), de dénoncer quoi que ce soit ou de pointer du doigt ce que la société ne fait plus ou ne fait pas. Bien sûr, les filles Gilmore ne sont pas épargnées par les peines de cœurs, les drames familiaux et les petits tracas du quotidien. Ce quotidien que l’on connaît tous, qui nous ressemble mais dont on ne s’émerveille plus. Pourtant, cette première saison remet en perspective ces petits rien de la vie car Lorelai et Rory, comme le reste des habitants, instaurent durant toute cette première saison (et l’intégralité de la série) une proximité et une certaine joie de vivre qui nous manque cruellement aujourd’hui.

Un univers boule de neige pour une première saison réussie

Pour sa première saison, la série fait fort et nous plonge avec délice dans un univers où le temps semble s’être arrêter. Ce duo mère-fille original et iconique crève l’écran et capte son auditoire dès les premières minutes de dialogue. Si les interprétations de Lauren Graham et Alexis Bledel contribuent beaucoup à donner vie à ses personnages originaux, c’est aussi grâce à l’intelligence d’écriture d’Amy Sherman-Palladino que sa magie opère. On a rarement vu une série aussi bien écrite avec des personnages principaux et secondaire à la colonne vertébrale solide. Alors, bien sûr, ne vous attendait pas à des rebondissements dignes de Les Feux de lAmour ou d’un Desperate Housewives : ici on prend le temps, comme on savoure la vie, de développer ses intrigues et ses personnages. Le rythme de la série se cale au grès des saisons et les festivités de la ville nous immerge totalement dans cet univers si cher à sa créatrice et son mari Daniel Palladino, également aux commandes.

La foire aux références culturelles

On parlait de l’intelligence du scénario, des dialogues extrêmement bien écrits et riches. Parler chez les Gilmore est un vrai sport de combat, les répliques fusent comme deux joueurs qui font du ping-pong. Chaque épisode fait office de référence en la matière – passant d’une simple anecdote sur Britney Spears à une citation sur Marcel Proust. Avec une facilité déconcertante, la série vogue aussi sans arrêt entre deux mondes qui s’entrechoquent en permanence : celui de la petite ville modeste, chaleureuse et populaire où vivent Lorelai et Rory et au monde plus fermé et hermétique de la famille de Lorelai, décrit de manière plus réaliste et assommant, moins artificiel.

Gilmore Girls ou les plaisirs simple de la vie

Véritablement authentique, pleine de charme et de vie, Gilmore Girls nous fait presque regretter une époque au style de vie que nous avons complètement occulté de nos esprits. Originale, drôle et inventive, rare sont les séries qui arrivent d’emblée de jeux à nous faire croire que nous ne sommes plus simplement spectateur mais acteur. On aime divaguer dans les rues de Stars Hollow, écouter le débit de paroles inarrêtable de Lorelai, les répliques cinglantes de sa mère Emily (interpréter par la talentueuse Kelly Bishop), être impressionné par la détermination sans faille de Rory pour les études, découvrir les festivités locales – totalement loufoques et assumées – d’une ville dont on aimerait malgré tout faire partie. Une chose est sûre, Gilmore Girls est un héritage culturel qu’il est essentiel de préserver et de transmettre, pour nous rappeler que les petits bonheurs de la vie sont simples et ne se tiennent pas forcément entre deux mains derrière un écran. A l’approche de l’automne, il est d’ores et déjà temps de ressortir notre plaid le plus chaud, calé devant notre écran de téléviseur, afin de retrouver de nouveaux de vieilles amies qui, elles, seront toujours présentes pour ouvrir la saison de la mélancolie et de la nostalgie.

Par Rémi Vallier

BANDE-ANNONCE :

JAMAIS PLUS (2024) – Critique

JAMAIS PLUS (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

JAMAIS PLUS – IT ENDS WITH US

Avant même d’être une énième adaptation, Plus jamaisen V.O. It End With Us est un phénomène littéraire écrit par Colleen Hoover, auteure de Romance populaire et de Young Adult, paru pour la première fois aux Etats-Unis en 2016. Malgré toute sa mauvaise presse et sa promotion chaotique, Plus jamais nest pas un mauvais film mais bien une œuvre fidèlement adapté subissant, à limage de son héroïne, la violence dune société polluée par des idées préconçues qui ninvitent plus les gens à réfléchir par eux-mêmes mais à penser comme les autres.

Traumatisée dès lenfance par un père violent, Lily Bloom part sinstaller à Boston afin de réaliser son rêve : ouvrir sa propre boutique de fleurs. Le hasard du destin fait quelle rencontre Ryle, un brillant et charismatique neurochirurgien avec qui elle entame une connexion très forte. Mais alors que leur relation prend une tournure plus sérieuse et intense, Lily entrevoit chez cet amant passionné des similitudes avec son défunt père. Perdue et confuse, son premier amour de jeunesse, Atlas, refait également surface dans sa vie, compliquant un peu plus le terrible choix quelle doit faire pour ne plus endurer ce que sa mère a subis durant de nombreuses années.

Une réalisation solide et un casting plus que convaincant

Avec Plus jamais, Justin Baldoni signe ici son 3ème long-métrage en tant que réalisateur. En 2019 et 2020, il réalisa A deux mètres de toi et Cloud, deux films qui portent sur ladolescence et la maladie. Lacteur nen est pas à son premier coup dessai et cela sen ressent : la réalisation est propre, sans être toutefois révolutionnaire, ses couleurs chaudes et automnales rappellent aussi bien la douceur caractérielle de son héroïne que la couleur de ses cheveux, libre et sauvage. Certaines idées de mises en scène sont bonnes, même si on reste finalement dans un esprit assez rom-com, et son casting arrive parfaitement à convaincre avec des prestations très fortes et engagées. Blake Lively insuffle au personnage de Lily Bloom de la profondeur et une sincérité désarmante. Justin Baldoni, en plus de la réalisation, campe le rôle de Ryle, jouant sur son charisme et sa plastique parfaite. Néanmoins, le rôle lexigeant, lacteur parvient parfaitement à maîtriser le bon comme le mauvais de son personnage avec des expressions très soulignés lorsquil perd le contrôle de ses émotions. Seule ombre au tableau : lutilisation à outrance de musiques indépendantes (parfois ringarde et larmoyante) qui ne sont pas forcément utiles et qui gâchent la magie de certaines scènes.

Un film qui ne romantise absolument pas la violence conjugale

Malgré laspect romantique et doux que porte le film, il ne romantise aucunement la violence conjugale. Alors oui, la relation entre Lily et Ryle débute par une histoire damour et CEST une histoire damour, comme toutes les relations naissantes entre deux individus qui se lient. La violence, bien quexprimée au début du film, narrive que plus tardivement au sein du couple, à mesure que leur relation évolue et cest là où le film fait preuve dingéniosité : ces scènes de violence se transfigurent à la caméra comme des accidents domestique, accentuant toute la barrière mentale du personnage de Lily a fantasmé lidée que ces accidents se sont produit de manière totalement involontaire et non par Ryle. Mécanisme de défense ou manière bien plus concrète de se voiler la face quand on prend conscience que l’être que lon aime le plus au monde est finalement celui qui nous fait le plus de mal.

L’œuvre ne cherche pas non plus à défendre ni à diaboliser à tout prix son personnage masculin à lemprise toxique, mais au contraire à lhumaniser, à donner un contexte à cette violence et à ce que la colère peut représenter quand elle nous dépasse totalement. Après tout, dans la vie, tout nest pas blanc et tout nest pas noir. Il faut apprendre à savoir nuancer, chose que les médias daujourdhui semblent avoir complètement occulté.

En parallèle, le film exploite la relation passée de Lily avec Atlas, son amour de jeunesse, qui a laissé à la jeune femme un souvenir indélébile. Ces sauts dans le temps permettent de créer un équilibre et donne un peu de légèreté et de rythme à un récit qui a parfois du mal à trouver sa cadence.

Jamais PlusIt End With Us est une adaptation intéressante mais qui aura malheureusement subi l’incompréhension générale des critiques – très faciles et trop paresseuses de devoir réfléchir au véritable sens véhiculé par le film. Sa promotion ratée et les quiproquos tendus entre les deux stars du film – petits jeux perpétuel qui font les choux gras de la presse et du public – ternissent malheureusement l’image de ce jolie long-métrage sans prétention, dont le but est de raconter une histoire touchante basée sur le propre vécue de l’autrice.

Par Rémi Vallier

Copyright Sony Pictures

BANDE-ANNONCE :