GLADIATOR II (2024) – Critique
Fiche technique :
- Date de sortie : 13 novembre 2024
- De : Ridley Scott
- Avec : Paul Mescal,Pedro Pascal,Connie Nielsen
- Genre : Péplum
- Durée : 2h30
Notre avis sur le film
GLADIATOR II
Vingt-quatre ans après le premier opus, Ridley Scott donne une suite à son péplum. La question qui est sur toutes les lèvres est : était-ce vraiment nécessaire ? pourquoi vouloir une suite à un film qui semblait se suffir pleinement ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il faut savoir que l’idée d’un Gladiator II avait déjà été discutée pour la première fois en 2001, peu après le succès du film original. Puis le projet a été écarté en 2006 quand Dreamworks cède les droits à Paramount. Et c’est officiellement en 2018 que le film est enfin annoncé.
Ce second volet se déroule vingt ans après le premier. Bien qu’il y soit fait référence, il n’est pas nécessaire d’avoir vu Gladiator pour apprécier le deuxième opus. On notera au passage un très beau générique d’ouverture qui nous illustrera les moments forts du premier.
Le synopsis officiel de Gladiator II : Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d’entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d’une main de fer. La rage au cœur et l’avenir de l’Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l’honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.
Est-ce que cette suite du péplum est à la hauteur du mythe du gladiateur qui défia un empereur ?
On aurait clairement envie de répondre par l’affirmative, tant le film est un blockbuster accro à la surenchère et nous propose un spectacle divertissant et honnête. Un peu à l’image d’un « film cirque » mais façon Colisée ou chaque nouvelle saynète d’affrontements ne se contente pas de mettre en scène des gladiateurs mais apporte un côté assez invraisemblable (à la limite du ridicule par moment) pour pimenter le côté spectaculaire du combat.
Le divertissement est total avec une durée du film parfaitement dosée, mais… qui se contente de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès du premier.
Si le film était une œuvre originale, totalement indépendante, s’appelait par exemple « Rome », et si on n’avait pas pour background le premier film (car la comparaison est indéniable et se fait machinalement), l’appréciation de Gladiator II aurait été totalement différente.
On peut reprocher au film de reproduire assez banalement la structure et les ingrédients phares du premier. Tant de similitudes, tant de plans identiques, tant de clins d’oeils symboliques, tant d’éléments qui finalement démontrent que le premier film se suffisait très bien à lui-même. D’autant plus que cette mise en conformité par rapport à Gladiator n’est pas pourvue de la même intensité narrative et émotionnelle que celle de l’œuvre originale. Rien qu’à commencer par l’héroïsme de Lucius (Paul Mescal) qui n’est pas construite et encore moins démontré, comme ce fût le cas pour Maximus (Russel Crowe).
Un casting 4 étoiles avec un Denzel Washington remarquable
Si de nombreuses suites font des pirouettes scénaristiques ou une utilisation abusive de CGI (spéciale dédicace à l’androïde dans Alien : Romulus) pour faire revenir des héros décédés, ce n’est pas le cas ici et c’est une décision louable. Exit donc Russell Crowe ou Joaquin Phoenix qui n’apparaissent pas dans le film.
C’est au tour de l’Irlandais Paul Mescal, venu du cinéma indépendant (Normal People, Aftersun) de connaître son heure de gloire avec ce baptême de muscles dans la peau d’un célèbre gladiateur qui harangue les foules au nom d’une cause de liberté, de paix et d’honneur.
Connie Nielsen et Derek Jacobi, qui incarnent respectivement Lucilla et Gracchus dans le premier film, sont les seuls acteurs à revenir dans le deuxième opus.
Parmi le reste du casting, on retrouve en tête d’affiche Pedro Pascal (The Last of Us), Joseph Quinn (Stranger Things), mais surtout Denzel Washington qu’on ne présente plus et qui est clairement le personnage le plus passionnant et le mieux écrit. À la fois attachant, stratège, manipulateur, sournois, il livre une prestation de haute volée dans un rôle-titre assez contre-emploi.
Une dimension politique plus travaillée
Même si on aurait aimé que Ridley Scott contextualise d’avantage son propos politique (comment les jumeaux sont devenus empereur, etc), c’est cet aspect du film qui en demeure presque le plus intéressant du métrage. Les nombreuses rivalités familiales et politiques, tel un vrai monde de requins, passionnent et fascinent pour la quête du pouvoir.
On a clairement deux univers qui cohabitent, celui du sang de l’arène et celui des subterfuges des élites, mais malheureusement sans jamais parvenir à fusionner et créer une unité. C’est fort dommage.
En conclusion
Gladiator II est une œuvre honorable, mais qui manque d’âme, d’émotions et qui se contente de reproduire la structure du premier mais sans son souffle épique, sans la naissance d’une figure emblématique et sans la renaissance du péplum. Bien mais dispensable…
Par Sébastien Nippert
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