Fiche technique :
- Date de sortie : 12 février 2025
- De : Michael Morris
- Avec : Renée Zellweger, Chiwetel Ejiofor, Leo Woodall
- Genre : Comédie, Romance
- Durée : 2h04
Notre avis sur le film
BRIDGET JONES : FOLLE DE LUI
« Cet ultime opus conclut avec émotion et douceur les aventures de la célèbre Miss Jones. »
Il y a des héroïnes – et/ou des héros – qu’on aimerait ne jamais quitter. En visionnant au cinéma cet ultime opus des aventures de Bridget Jones, son clap de fin résonne bel et bien ici comme des adieux définitifs. Notre héroïne préférée, véritable référence en matière de pop culture, s’inscrit une dernière fois dans l’air du temps et propose une suite bien différente de ses prédécesseurs.

A l’aube du nouveau millénaire et d’une nouvelle génération de cinéphiles, le début des années 2000 était encore marqué par des comédies romantiques réussies ou gentiment ratées tout droit sorties d’outre-Atlantique ou de nos chers voisins anglophones. Entre autre, Le Journal de Bridget Jones, adapté des célèbres romans de Helen Fielding, débarque dans le paysage cinématographique en 2001, remettant au goût du jour le culte de la culotte de grand-mère, du poids idéal qui complexe et des incertitudes amoureuses qui jalonnent l’existence de ces nouveaux trentenaires – pas encore totalement connectés. En l’espace d’une décennie, cette Jane Austen des temps modernes, hors-norme, dotée d’une maladresse maladive et d’une répartie cinglante et hors de propos, devient le symbole de toute une nouvelle génération de femmes – et d’hommes – à laquelle chacun peut facilement s’identifier. Si le premier opus est légendaire et rentre dans l’histoire des comédies romantiques cultes, on peut difficilement en dire autant des suites qui l’ont succédées. Le deuxième opus reste tout de même drôle et tout à fait dans l’esprit du premier, le troisième quant à lui patauge avec son scénario branlant, pour ne pas dire nul, mettant l’héroïne au centre d’un quiproquo absolument ridicule ce qui en fait l’épisode le moins réussi de la saga.
Ce quatrième opus signe le retour tant attendu – et redouté – de la suite des aventures de Bridget. Et cette suite résonne, dès le début, comme la fin d’une époque. Bridget est ici fatiguée, bouffie, mal assortie, une maman à plein temps qui cherche désespérément à (re)mettre son propre masque à oxygène. Mais elle est aussi veuve et doit faire face au deuil du grand amour de sa vie, l’inoubliable Mark Darcy (Interprété par Colin Firth, qui revient ici le temps de quelques scènes très émouvantes). Tiraillée entre l’avis des uns – sa famille, ses amis – et l’avis des autres – une nounou très jeune, ses collègues de travail – Bridget tente de (re)trouver maladroitement son équilibre intérieur et le plus important de tous : son propre chemin.

Bridget Jones : Folle de lui réussit brillamment à rendre ce dernier épisode émotionnellement fort et extrêmement drôle, accompagné par la douceur infinie et douloureuse du temps qui passe, de nos peaux qui vieillissent, des regrets qui nous traversent, de notre âme qui devient plus sage mais toujours dans le besoin et la nécessité urgente de vivre, comme si le temps nous était compté et que les derniers instants de bonheurs sont peut-être les derniers. D’être heureux et d’avancer même dans l’ombre des jours infiniment plus tristes de ceux qui, dans la lumière, nous ont quittés. L’anglaise iconique décalque également d’un naturel déconcertant la splendeur et les méfaits de l’âge, celle de la cinquantaine passée, au travers d’une société en pleine mutation où le regard vis-à-vis des femmes vieillissantes change.
La réalisation de Michael Morris rend hommage au genre de la comédie romantique, celle que nous avons connue d’antan et qui nous parait aujourd’hui beaucoup trop mièvre, distillant fraicheur et nouveauté en explorant de nouveaux territoires de mises en scènes. Seule ombre au tableau : une musique parfois mal placée ou trop haute pénalisant l’intensité de certaines scènes. Renée Zellweger nous (re)fait découvrir une Bridget toute nature bien connue du publique et une autre moins connue, plus mature, plus sage mais toujours aussi étourdie et tête-en-l’air. Hugh Grant reprend également du service dans le rôle de l’enfoiré affectif Daniel Cleaver, ses apparitions sporadiques insufflent une véritable énergie et un humour obscène qui avait terriblement manqué à Bridget Jones Baby. Les références des précédents épisodes sont aussi très nombreuses et ponctuent subtilement ce quatrième opus. Le casting original depuis ses débuts participe à rendre ce bouquet final encore plus resplendissant et émouvant que jamais.

Tandis que le rideau se baisse, Renée Zellweger embrasse son rôle de Bridget Jones une dernière fois dans un final à la hauteur de nos espérances et des siennes. Le bonheur retrouvé ? Peut-être, ou du moins, c’est ce que le film cherche à nous faire comprendre jusqu’à ses scènes finales. La vie devrait être ainsi : une fête perpétuelle, bruyante, où l’on célèbre la vie, la mort, l’amour, les rires et les larmes, entouré de tous ceux qu’on aime et les fantômes de ceux qui sont partis. Penser sans amertume au passé et aux regrets. Aimer passionnément, vivre sans retenue et avec légèreté, ne pas se soucier de ce que demain sera fait car le plus important, c’est maintenant. Aujourd’hui.
Tout en nous gratifiant d’un sourire naïf qu’on pourrait reconnaître entre-mille, Bridget Jones tire sa révérence en emportant avec elle son journal de vie, elle qui a mis si longtemps à trouver l’Amour et son équilibre personnel. Entre humour et attendrissement, Bridget Jones : Folle de lui conclut avec douceur et émotion les aventures d’une héroïne à la maladresse légendaire mais qui demeure terriblement attachante. Et si cet épisode devait avoir un autre intitulé que Folle de lui, ce serait probablement celui-ci : L’âge de la Maturité.
Par Rémi Vallier
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