ALAIN DELON

HOMMAGE À UNE LÉGENDE

Une page se tourne…

Alain Delon nous a quittés, et il était bien plus qu’un simple acteur. Il incarnait l’essence même d’un certain cinéma français, une figure emblématique, quasi mythique, dont l’aura a traversé les décennies, captivant le public par son charisme indéfinissable et son talent brut. Il a également été un ambassadeur du cinéma français à l’international, le symbole d’une génération dorée, et l’un des derniers grands du cinéma de l’Hexagone.

Le talent d’Alain Delon allait bien au-delà d’un physique avantageux, car il pouvait incarner tous types de personnages, du bon au mauvais, du policier au voyou. Il nous a offert des personnages complexes et ambigus, souvent en lutte avec eux-mêmes, écorchés vifs pour certains, une marque que l’acteur portait en lui et qui définissait son style si singulier.

Il a su mettre son talent au service des plus grands réalisateurs, notamment Jean-Pierre Melville, avec qui il a tourné trois films grandioses : Le Samouraï, où il incarne un tueur à gages quasiment mutique ; Le Cercle rouge, où il interprète un voyou pourchassé par un Bourvil méconnaissable en commissaire déterminé ; et Un flic, où il transcende son art en jouant un policier crépusculaire.

Un talent au service des plus grands réalisateurs

Alain Delon a été prolifique jusqu’à la fin des années 1980 et a marqué le cinéma avec une dizaine de films cultes, parmi lesquels Plein Soleil, Le Guépard, La Piscine, Borsalino (où il partage l’affiche avec Jean-Paul Belmondo), Rocco et ses frères, ou encore l’ultra culte Le Clan des Siciliens, où il rejoint les autres monstres sacrés du cinéma français, Jean Gabin et Lino Ventura. L’héritage d’Alain Delon ne se limite pas à sa filmographie exceptionnelle. C’est aussi l’influence qu’il a exercée sur le cinéma et la culture française, son style inimitable et son audace qui ont façonné une image intemporelle de l’homme français : élégant, mystérieux, et libre.

Une autre facette de sa personnalité était son soutien indéfectible à la cause animale, notamment à travers la fondation Brigitte Bardot, prouvant qu’il avait certes du talent, mais aussi, et surtout, du cœur.

Il avait également un côté plus sombre et a parfois suscité la controverse par ses propos ou ses prises de position, ne laissant au final personne indifférent, et assumant pleinement son personnage.

Alain Delon, un monstre sacré

Par son décès, la France perd l’un de ses meilleurs représentants. Il faut alors se souvenir de ses mots lors de la remise de sa Palme d’or d’honneur :

« Au lendemain de cette Palme d’Or d’honneur, l’envie me prend de remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont témoigné d’une manière ou d’une autre leur affection et leur sympathie, et plus encore. Alors que mon voyage touche à sa fin, je veux le dire : j’ai connu tant de passions, tant d’amours, tant de succès et d’échecs, tant de controverses, tant d’esclandres, de ténébreuses affaires, tant de souvenirs, tant de rendez-vous manqués et de rencontres impromptues, tant de hauts et de bas ; que lorsque les honneurs ne seront plus que de vains et lointains souvenirs, il est une seule chose qui brillera par sa constance et sa longévité : vous, vous seuls. À vous qui avez fait ce que je suis, et qui ferez ce que je serai, il me fallait vous le dire. Je vous dis merci, merci, merci. »

C’est en effet son public qui aura fait d’Alain Delon un acteur de renom, une icône française. Au final, c’est en visionnant et revisionnant ses films, trésors de notre patrimoine français, que nous ferons perdurer sa légende, comme nous le faisons pour Jean Gabin, Lino Ventura, Simone Signoret, Romy Schneider ou Jean-Paul Belmondo.

Alain Delon était un monstre sacré, il est maintenant une légende et un mythe français, une part significative de notre patrimoine culturel.

Par Grégory Caumes